Bonjour à toutes & à tous,
J’aimerais faire un petit tour de table concernant les différentes méthodes de vote existant de par le monde.
La France tient à sa méthode dite du Scrutin uninominal à deux tours. Nous savons que chaque méthode à ses avantages et qu’aucune n’a pas d’inconvénient. Mais il serait malgré tout intéressant d’aborder le descriptif de plusieurs méthodes qui pourrait au moins se substituer aux paradoxes d’Arrow (le fait que l’ajout d’un candidat C modifie l’ordre des candidats A et B) et à celui de Condorcet (conduit à la contradiction interne A > B > C > A). Il existe bien évidemment une multitude de méthodes: nous pourrions explorer le vote par jugement majoritaire, par note, par approbation, par classement partiel avec ou sans élimination successive…Il pourra être également intéressant de voir la place que pourrait prendre le vote blanc dans ces différentes méthodes et ce qu’il impliquerait déjà au sein de notre méthode actuelle de suffrages.
Quelques débats sur ce thème ont été lancés dans certains sujets :
Rien ne vous empêche d’en parler ici mais n’hésitez pas à participer aux discussions déjà lancées
D’une façon générale, la méthode d’élection, quelle qu’elle soit, va exposer d’autant plus de défauts que l’enjeu est important.
L’élection d’un président qui a beaucoup de pouvoir est un gros problème car il ne pourra la plupart du temps pas représenter toutes les orientations politiques, et ses actions seront trop facilement perçues comme de la frustration par une partie substantielle de la population. L’élection d’un collège de plusieurs personnes modère le problème car ses membres représentent un spectre plus large de la population. Leur actions communes seront ainsi plus facilement des compromis et donc mieux acceptées par la population.
En Suisse le conseil fédéral est élu par le parlement avec une méthode qui fait que les orientations politiques des 7 conseillers fédéraux soient environ proportionnelles à celles de la composition du parlement législatif. L’ordre dans lequel les candidats sont proposés et éliminés a dans ce cas une importance particulière. En dehors de ce problème d’ordre spécifique, la méthode du jugement majoritaire permet certainement de prendre la meilleure décision, mais je n’ai pour ma part malheureusement pas d’exemple de son utilisation pratique en politique.
Science4all a quelques video portant justement sur le sujets des differents types de vote (d’un point de vue mathematique et statistique alors parfois il faut s’accrocher) dont une particuliere sur le scrutin de Condorcet randomise qui mathematiquement a l’air le moins pire selon l’auteur de la video:
Les videos sont ici : http://www.youtube.com/playlist?list=PLtzmb84AoqRSmv5o-eFNb3i9z64IuOjdX
En fait je viens de voir qu’il y a deja un sujet a ce propos:
Si vous n’avez pas la foi d’aller jusqu’au bout : à terme, on réalise que chaque mode de scrutin peut conduire à autant de résultats différents avec les mêmes candidats
Pour moi, plus la procédure est limpide, mieux c’est. Ça devrait être un critère fondamental dans l’élaboration de n’importe quel système électoral.
Je vous apporte pas une méthode de vote mais une explication pas mal du tout du principe de condorcet
Je ne suis pas du tout d’accord avec l’idée de la simplicité.
Ok, le mieux, c’est de pouvoir expliquer simplement, ça je partage.
Mais ça ne doit pas constituer un critère pour déterminer un système de vote : je pense que le système de vote le meilleur, c’est celui qui prend en compte les volontés de la majorité de la société, sans toujours favoriser les mêmes candidats.
Le système de vote actuel par exemple est assez simple, mais il reste assez merdique… Je pense notamment qu’il faut maintenant empêcher de voter utile et faire entendre les différentes sensibilités.
(C’est pour ça d’ailleurs, et on aura l’occasion d’en reparler, que je trouve que voter pour une personne sur un seul siège est une connerie monumentale : c’est le système « roi », et ça me plaît pas du tout).
J’ai pas dit que ça devait être le seul critère non plus. Simplement si on veut que la majorité ait le sentiment que son choix soit respecté il faut que les votants aient une idée assez certaine de la façon dont chaque vote va influencer la composition des assemblées et gouvernements. S’il faut faire de longs calculs mathématiques qui stressent et perdent les citoyens volontaires lors des dépouillements, moi ça m’arrange pas. Donc j’éliminerais un certain nombre de formules pour ne garder que la proportionnelle, le scrutin uninominal à un tour, le tirage au sort,…
En fait le système représentatif est pas tant monarchique qu’aristocratique. C’est comme ça que les pères fondateurs des États-Unis concevaient leur République : un ensemble de « bons citoyens » (éduqués, cultivés, bons travailleurs…) se destinaient à représenter l’ensemble de la population, en supposant qu’ils le feraient toujours de la meilleure manière. Aucune de nos démocraties occidentales ne se concevait comme démocratique à l’origine puisque dans l’esprit des classes politiques de l’époque, ce terme ne pouvait que désigner le système athénien et était inapplicable à des territoires aussi vastes que ceux des Etats. Je comprends donc tout à fait que nos systèmes de gouvernement, qui sont donc par nature plus représentatifs que réellement démocratiques, donnent cette impression de « vieux monde ». Mais le principe derrière n’est pas fondamentalement monarchique, même si on est amené à retrouver certains aspects de la monarchie par d’autres voies… Quel que soit le système qu’on adopte, dès qu’il est électif en tout cas, on aura affaire à une séparation entre représentants et représentés, les premiers étant plus ou moins susceptibles de se considérer comme une élite. Même la proportionnelle comporte ce risque. Il y a beaucoup d’autres choses à changer pour prévenir les comportements de type aristocratique ou monarchique (faudrait aussi se tourner vers certains rouages grippés de la méritocratie comme l’ENA).
Bonjour
Je partage totalement ce point de vue
Il faudrait pouvoir en finir avec la vision de l’homme providentiel et trouver le système le plus représentatif de la diversité, le plus respectueux des sensibilités
Justement, c’est exactement ici que nous avons un point d’achoppement
Simplement si on veut que la majorité ait le sentiment que son choix soit respecté il faut que les votants aient une idée assez certaine de la façon dont chaque vote va influencer la composition des assemblées et gouvernements.
Je ne suis pas du tout d’accord avec cette assertion pour la simple et bonne raison qu’elle favorise le vote utile.
Dans le cadre de nos élections actuelles, c’est ce qu’on fait tous les jours, et c’est aussi pour ça que je ne trouve pas cela satisfaisant : les gens votent pour un truc parce qu’ils savent que ça va être utile, et que cela peut-être prévu par un sondage. A tout cela, je réponds simplement NON.
Parce que c’est là aussi que notre démocratie appartient au plus offrant si on peut prévoir nos comportements et nos réponses, alors il n’y a plus de démocratie.
Je ne veux plus de ça, je ne veux plus qu’à 15h jour de vote, on puisse me dire quel candidat sera élu… (parce que c’était ça la mascarade du 7 mai…)
Le dépouillement peut être contrôlé, y compris si c’est fait sur informatique, par le biais d’un logiciel libre, et si des milliers d’utilisateurs y étaient sensibilisés, on pourrait tous le contrôler ensemble en plus.
D’accord, en effet vous avez raison.
Dans la théorie, je suis assez d’accord, mais dans la pratique, c’est autre chose.
En effet, je pense que déjà l’idée de changer de mode de scrutin est étrangère à pas mal de personne. Si en plus ce nouveau mode est compliqué à mettre en place et à comprendre, ça ne risque pas de faire de la bonne « pub ». Je sais que cela peut sembler débile et contre-productif, mais il s’agit ici de convaincre les gens de changer leurs habitudes de votes, et le scrutin majoritaire comporte déjà un sacré changement. Laissons les gens s’habituer à ce nouveau scrutin pour ensuite passer à un scrutin encore meilleur. Mais puisque je considère que l’on part de très loin, il vaudrait mieux, pour garantir un scrutin au moins meilleur que celui que l’on a actuellement, proposé un système simple et intuitif en première approche, et plus tard considérer un autre. Ainsi un changement en douceur permettrai à tout le monde d’avoir plus confiance en la société, puisque les outils démocratiques seront intégrés à notre mode de fonctionnement.
Donc je considère que c’est un critère de sélection de mode de scrutin… Tout du moins dans un premier temps.
Je ne suis pas d’accord sur tout, mais j’entends ce que tu veux exprimer.
Dans ce cas, il faut aussi qu’on soit plus flexible dans nos institutions : on voudrait toujours que tout soit fixé et définitif, mais pourquoi ne pas « essayer » plusieurs méthodes, pour ensuite choisir les choses qui conviennent le mieux ? (ou alors procéder par étapes, comme tu le suggères).
Après tout, en Suède (mais aussi dans d’autres pays du monde), certaines lois sont testées sur 5 ou 10 ans, et selon l’objectif recherché, conservées telles quelles, soit modifiées, soit retirées… Je pense que ce genre d’initiatives correspond également à plus de démocratie.
@allumelalumiere
Je ne sais pas si j’ai raison, mais en tous cas, je considère si ce qu’on cherche, c’est éviter le vote utile, ce n’est pas tout à fait une solution.
Pour moi le problème du vote utile dépend en premier lieu des instituts de sondage, dont je ne vois pas en quoi il serait si compliqué d’interdire certaines de leurs activités l’année ou les 6 mois précédant l’échéance (voire le reste du temps). Derrière les lois et les procédures il y a aussi des pratiques. Si on ne change que les premières, ces dernières pourront pourrir le nouveau système comme elles ont dévoyé le premier.
C’est certain que ça va dans la bonne direction. Il faut observer ici qu’en testant une loi, le gouvernement et le parlement admettent d’entrée la possibilité que la décision initiale est potentiellement imparfaite et qu’elle devra peut-être être améliorée. Cela donne de plus grandes possibilité de discussions constructives entre ceux qui ont majoritairement voté pour la décision et ceux qui ont voté contre la décision. Après quelques temps d’application, les points qui étaient spéculatifs lors de la création de la loi deviennent peu à peu des faits qui permettent de nouvelles analyses. Ceux qui font de la recherche ou de l’ingénierie vont reconnaître la démarche.
Wikipédia fourni une excellente base déjà pour la présentation des différents systèmes de vote utilisés :
Ainsi que les critères qui permettent de les départager (jauger de leurs avantages/inconvénients selon s’ils respectent ou non certains de ces critères) :
Articles déjà suffisamment détaillés pour entamer de longues discussions.
Un autre document d’analyse pratique sur les méthodes de vote dans ce message:
Bonjour,
Voici un article du Diplo du mois dernier traitant de ce sujet:
Antoine