Que penser du vote par notation ?

Dans ce cas, si on veut s’intéresser aux programmes et non plus aux personnes (ce à quoi je suis tout à fait favorable), et permettre aux citoyen·ne·s d’être plus « acteurs/actrices de la démocratie », je pense que le concept de la « démocratie liquide » peut être intéressant.

C’est à dire que de base, chaque citoyen·ne peut voter pour ou contre une loi qui est proposée (imaginons que ces lois soient rédigées collectivement par des groupes de personnes (une personne ou plus) qui les soumettent au peuple pour adoption, qui quand elle obtient plus de « X pour soumission » alors on soumet au vote). Quand une proposition est soumise au vote, chacun·e peut dire « oui » ou « non » ou « blanc » sur toutes les propositions (On peut même imaginer un référundum par jugement majoritaire, si, par exemple, la mention majoritaire est en dessous de « Passable » alors c’est refusé, sinon adopté). Naturellement, des votes comme ça, il pourrait y en avoir des dizaines et dizaines (par jour !). C’est trop à suivre. Donc tu pourrais déléguer ta voix, sur un thème particulier, où tu te sens moins compétent·e, à un groupe de personnes dont tu te sens proches sur ce thème. Et ce groupe voterait en ton nom sur ce thème là (écologie, éducation, travail, que sais-je encore). Et c’est toi qui décide quand tu veux porter ta voix sur un autre groupe, ou si tu veux te remettre à voter sur ce thème directement. En somme, un mélange de démocratie directe et indirecte par thématique et évolutive à tout moment (liquide quoi :D). Ça permettrait de voir apparaitre, je pense, des groupes de personnes spécialisées dans un thème… et donc de déléguer ta voix au groupe qui te semble le plus pertinent, si tu le veux.

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Le vote par mention majoritaire (ou jugement majoritaire) me paraît être un mode de scrutin plus solide que le vote par notation, et même le mode de scrutin le plus fiable pour l’instant.

La vidéo de ScienceEtonnante soulève deux problèmes concernant le vote par notation, que le jugement majoritaire permet d’éviter. D’abord, si l’on fait une moyenne (ou une somme), on peut voter stratégiquement (en mettant 20 à son candidat préféré et 0 à tous les autres). Ce problème pourrait être réglé en utilisant la médiane comme dans le jugement majoritaire. Mais voici le deuxième problème : les notes chiffrées sont abstraites et ne représentent pas forcément la même valeur d’une personne à l’autre.

En utilisant des mentions, qui ont un sens relativement établi dans l’esprit des électeurs, on règle ce problème. Il reste alors à déterminer le nombre de mentions possibles. Il faut proposer au moins 3 mentions (sinon on revient au vote par approbation qui ne permet pas de nuancer son adhésion) et il ne me semble pas raisonnable de proposer plus de 10 mentions (car la langue limite le nombre de nuances possibles). Il faut alors fixer un nombre de mentions entre 3 et 10 de manière arbitraire, et je pense que c’est ici que réside le premier problème du jugement majoritaire. En effet, je ne crois pas qu’il y ait moyen de déterminer rationnellement si un certain nombre de mentions est préférable à un autre (par exemple si quelqu’un est capable de me prouver que 7 mentions sont mieux que 5 ou 9, je suis tout ouïe).

Le deuxième problème est plus d’ordre politique. J’ai l’impression que le jugement majoritaire favorise le candidat le moins clivant. Par exemple, dans une représentation simpliste de notre échiquier politique (gauche, centre, droite), les candidats centristes récolteront plutôt des mentions bonnes (de la part des centristes) et moyennes (de la part des électeurs de gauche et de droite) alors que les candidats de droite (resp. de gauche) recevront des mentions défavorables de la part des électeurs de gauche (resp. de droite). Finalement, cela revient à élire systématiquement le candidat du consensus. Je ne suis pas sûr que cela permette des prises de position tranchées, et que cela soit bénéfique sur le long terme.

Voilà selon moi les deux inconvénients majeurs du jugement majoritaire. Je pense néanmoins qu’il reste plus solide et plus fiable que les autres modes de scrutin, pour toutes les raisons évoquées dans les différentes vidéos ci-dessus.

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Le jugement majoritaire élirait effectivement bien plus facilement un candidat centriste. Mais je ne pense pas que ça soit une mauvaise chose, car même si ça ne permet pas de prise de position tranchée, ça évite qu’un candidat que beaucoup de gens n’aime pas soit élu. Je pense qu’il faut élire un (et très souvent le) vainqueur de Condorcet. Je pense que tu as regardé les vidéos plus haut, et peut-être la série sur ScienceForAll, mais dans le doute j’explique : le vainqueur de Condorcet respecte le principe de Condorcet qui dit que celui qui est élu doit être préféré à tous les autres (en duel) par une majorité. Comme ça après une élection aucune majorité ne préférerait qu’un autre candidat soit élu à la place du vainqueur.

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J’ai l’impression que le jugement majoritaire favorise le candidat le moins clivant. Par exemple, dans une représentation simpliste de notre échiquier politique (gauche, centre, droite), les candidats centristes récolteront plutôt des mentions bonnes (de la part des centristes) et moyennes (de la part des électeurs de gauche et de droite) alors que les candidats de droite (resp. de gauche) recevront des mentions défavorables de la part des électeurs de gauche (resp. de droite)

Je n’en suis pas si sûr. Si on regarde cet article, à la fin il y a un sondage où les candidats ont été noté (et cela a été converti en jugement majoritaire), on voit que le 1er est Mélenchon, le 3ème est Hamon, suvi de Dupond-Aignan. (Macron 2ème).

De plus, comme on regarde la médiane, la « distance » de la mention donnée par rapport à la mention majoritaire finale ne compte pas. Seule la position (au-dessus ou en-dessous) est importante. Donc je ne crois pas que ça concentre le résultat sur un·e candidat·e centriste.

@sugarman

Il est vrai que décider si 5 mentions seraient nécessaires plutôt que 7 pour juger un candidat me paraît ardu, cependant je trouve que 3 mentions seulement : A rejeter, Passable et Bien par exemple serait trop peu. En effet, il me semble qu’il manquerait quelques nuances, impossible de départager le candidat qui représente parfaitement nos idées d’un autre que l’on aurait plaisir à voir élu mais avec lequel nous avons quelques désaccords avec son programme ou alors différencier un candidat anti-démocratique prônant des valeurs que ne nous n’acceptons pas d’un autre avec qui l’on est juste pas en adéquation avec son programme etc

Par ailleurs, pour éviter le problème que tu soulève qui est que les candidats aux personnalités les plus lisses, les plus politiquement correctes et aux programmes portés sur le compromis, le « rassemblement » etc je pense que comme l’explique David Louapre (vidéo science étonnantes) il suffirait d’exiger mention majoritaire minimum pour être élu. Exemple, si le candidat ayant obtenu la meilleure mention majoritaire n’a que la mention passable, il n’est pas élu et on recommence l’élection avec des nouveaux candidats !

@avatarsblanc

Le problème avec trop de centrisme (un peu comme en Allemgne) c’est que les décisions sont lentes, les mesures encore plus… Or certaines urgences; démocratiques, écologiques ne peuvent et ne devraient pas attendre !

Je pense que ton sondage a utilisé une population non représentative. Il a été fait sur internet et a du circuler uniquement dans une sphère favorable au vote par jugement majoritaire. Bien qu’il faille encourager ces initiatives, je pense qu’il faudrait plus de rigueur quant à la sélection des gens sondés pour pouvoir en tirer une conclusion.

Non, non, il y a deux choses distinctes. L’expérience internet, où là effectivement il y a un gros biais (à gauche ici) et n’est absolument pas représentatif. Le but était de générer des données pour les chercheur·se·s et présenter au grand public ce système de vote. En revanche, il y a aussi un sondage IFOP, fait dans « les règles de l’art » (à la fin du PDF, page 9). Donc là, sans biais de population (en tout cas, pas plus que dans les sondages qui nous sont vendus le reste du temps par IFOP et compagnie).

Même si ce sondage IFOP a été réalisé dans les « règles de l’art », il est précisé dans ton document que :

Ce sondage n’est pas représentatif par rapport aux résultats du premier tour du 23 Avril. Jean Luc Mélenchon arrive premier avec le scrutin majoritaire dans ce sondage (voir l’avant
dernière colonne) avec un score 1,5% supérieur à son niveau national

Du coup, je ne pense pas que ça soit un exemple suffisant pour invalider mon hypothèse du candidat le moins clivant favorisé.

Par ailleurs, tu as écris plus haut :

De plus, comme on regarde la médiane, la « distance » de la mention donnée par rapport à la mention majoritaire finale ne compte pas. Seule la position (au-dessus ou en-dessous) est importante. Donc je ne crois pas que ça concentre le résultat sur un·e candidat·e centriste.

Je pense que tu te trompes et je vais prendre un exemple caricatural pour le prouver. Considèrons qu’il y a un tiers d’électeurs de gauche, un tiers de centristes et un tiers de droite. Trois candidats se présentent (un de gauche, un du centre et un de droite). En admettant qu’il y ait trois mentions (favorable, neutre, défavorable) et que les électeurs votent rationnellement, alors le candidat du centre aura 1/3 de mentions favorables et 2/3 de mentions neutres tandis que les deux autres obtiendront 1/3 de chaque mention. Du coup c’est bien le candidat du centre qui gagnerait. Je pense que cet exemple un peu extrême peu être adapté à des situations plus réalistes.

Oui, il n’est pas représentatif du score du 1er tour, puisque ce n’est pas le même mode de scrutin qui a été utilisé. Pour « convertir » le vote par notation en vote uninominal, ils ont supposé que les sondé·e·s auraient déposé dans l’urne le nom du/de la candidat·e pour lequel/laquelle dans le sondé a donné la meilleure note. Ce qui est une hypothèse fausse, puisque dans le cas d’une notation (ou mention) où tu utilises la mediane, le « vote utile » n’existe pas. Alors que lors d’une élection où tu ne peux mettre qu’un seul bulletin, il y a du vote utilise (voter Macron pour faire barrage au FN, voter Mélenchon car Hamon est donné à 9%, etc etc). Donc effectivement la conversion est fausse, et donc le classement obtenu dans le cas unominal est différent de celui obtenu au 1er tour. En revanche, je comprends du papier que le classement obtenu par jugement majoritaire (ou notation + mediane) est représentatif.

Du coup, je re-persiste dans ce que je disais sur le fait que ça ne favorise pas nécessairement le centre, notamment puisque Mélenchon est arrivé en tête, et Hamon 3ième. Concernant ta démonstration, dans l’hypothèse où tu as 1/3 de gauche, 1/3 de centre, 1/3 de droite, alors effectivement ça me semble assez intuitif que le centriste soit le plus apprécié par la majorité et donc élu. Mais par contre, dans un cas plus réaliste, où tu aurais plus de candidat·e·s et plus de nuances (je crois avoir lu quelque part que 7 était le mieux et que ça avait été démontré empiriquement…) et surtout où l’électorat ne serait pas divisé en 1/3, 1/3, 1/3, alors le candidat centriste n’a pas plus de chance. Avec 7 nuances, tu as un vocabulaire plus riche et donc tu peux mieux t’exprimer sur le centre. Si tu es plus proche du centre, ça tu peux donner une mention « correcte », et inversement, si le centre ne t’attire pas, tu peux aussi l’exprimer (sans pour autant le rejeter) et donc ça compense avec les personnes qui sont elles « naturellement » au centre.

On trouvera ici un autre article, avec un sondage réalisé pour l’élection de 2012 avec le jugement majoritaire (OpinionWay), Hollande est arrivé en tête, suivi de Bayrou, puis Sarkozy, puis Mélenchon.

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Oui excellent toutes les vidéos de ce jeune mathématicien. J’ai adoré les numéros 8, 9, 10 et 11.

Effectivement, ce mode de scrutin, ou celui du vainqueur de Condorcet, favorise le consensus pour le gagnant de l’élection. Cela n’est en rien un problème, cela devrait même être l’objectif de chaque votes : correspondre aux souhaits des suffrages exprimés. Et cela n’est pas toujours le cas avec les systèmes actuels.
Les biais sont nombreux pour le mode de scrutin actuel pour les élections de nos élus (uninominal majoritaire à deux tours) : Le rôle de plus en plus important des sondages d’opinion, influençant l’issu de l’élection. L’adhésion d’une majorité toute relative au projet du gagnant.

[quote=« sugarman, post:12, topic:45 »]Je ne suis pas sûr que cela permette des prises de position tranchées, et que cela soit bénéfique sur le long terme.
[/quote]
Il nous faut dissocier le système politique du mode de scrutin. Dans une démocratie représentative, nos élus ne représentent que la pensée dominante / du plus grand nombre.
Comment dans un système représentatif faire émerger de nouvelles idées ? Comment représenter les minorités ?

Pour revenir à ces modes de scrutin plus évolués, ils pourraient servir aussi aux prises de décision dans une démocratie plus direct : décisions local, projets de loi, priorisation du budget, choix du prochain restaurant avec ses amis, etc…

Bien l’bonjour à tous! Pour en revenir sur cette histoire de jugement majoratoire reposant sur un scrutin par mention, cela me paraît être valable que si tout citoyen joue le jeu de juger les candidats suivant leurs réelles opinions. Toutefois j’imagine qu’ une partie des électeurs continueraient à voter de manière binaire en faveur d’un candidat en dénigrant compètement les autres.

Il pourrait donc être intéressant de débattre sur un mode de scrutin où l’électeur a la possibilité de donner une mention sur chaque idée de chaque programme. Il aurait ainsi l’occasion de transmettre un avis propre sur la globalité de ces programmes.

Je pense qu’en donnant la possibilité aux electeurs de réelement pouvoir s’exprimer sur chaque point phare d’une élections permettrait de les rendre plus concernés envers la politique à mener. Ainsi, un candidat serait élu à partir de son programme (suivant les différentes mentions obtenues sur chaque point de son programme) tout en connaissant les préoccupations réelles (immédiates?) de tous les citoyens.

Je conçois que ce type de scrutin a ses defauts comme la charge d’implication imposer à chaque électeur, ou encore la nécessité d’un scrutin électronique pour comptabiliser tous ces votes et j’en oublie… mais l’idée est de créer le débat!

Hello,

L’argument principal qui m’a été opposé au jugement majoritaire est la logistique à mettre en place pour un tel système de vote. Même si j’ai ma réponse à ce sujet, Quid de ça ?

Pour voter :

  • 1 seul papier avec tous les candidats et une grille comme une sorte de loto ? Plusieurs papiers ?
  • On renseigne au stylo dans des cases ? Comment compter les bulletins nuls ?
  • Les aveugles peuvent-ils voter facilement ? les personnes en situation de Handicap ?

Pour le dépouillement, le temps de comptage d’un seul bulletin actuellement, c’est une seconde à peine j’imagine.
Avec le Jugement Majoritaire, on part sur du 10/15 secondes, avec des plus grandes probabilités de se tromper.
Donc je ne sais pas le nombre max d’électeurs par bureaux de vote, mais le dépouillement sera long.
Ou alors on communique sur le besoin de beaucoup d’assesseurs, ce qui est envisageable également.

J’ai peut-être raté un point logistique très contraignant, mais franchement ça ne me semble pas être des difficultés extrêmes.

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Si le temps de dépouillement est long, on peut aussi automatiser cette tâche (les machines peuvent très bien analyser des cases cochées). Mais c’est alors la vérification qui pose plus problème: peut-on faire confiance à une machine pour ça ? Comment vérifie-t’on ? 1 bulletin sur 100 ?

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Effectivement on se souvient des questions sur le vote par cartes à trous aux USA. Notamment lors de l’élection de G.W.Bush en 2000 qui a conduit la plupart des comtés américains à abandonner le recours aux Votomatic.

Un article publié en 2012 par Science et Avenir sur les différents mode de vote assisté par machine ou par électronique aux USA et leurs failles potentielles. : Élections américaines: le grand casse-tête des machines à voter - Sciences et Avenir

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pas sûr que ce soit la bonne solution, pour tous les désavantages que ça entraîne.

Le fait que le temps de dépouillement soit long ne doit pas entrainer un passage à une quelconque aide électronique.

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On peut imaginer un bulletin traditionnel qui soit passé dans une machine pour comptage automatique, et un dépouillement manuel en // pour les premières fois, puis progressivement s’appuyer de pus en plus sur la machine, tout en conservant les bulletins papiers sous scellés pour permettre de recompter les voix.

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Une application de la méthode du jugement majoritaire a été faite avant les élections prenant pour base un sondage auprès d’un échantillon représentatif. Certes, ce sondage est imparfait car la méthode a été utilisée a posteriori mais les résultats sont exploitables.
Voici l’analyse que j’en ai faite. Présidentielles 2017 au Jugement Majoritaire : Ca change tout | Une Chose Publique

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Bonjour,

Voici un article du Diplo du mois dernier relatant une expérience menée lors de la dernière présidentielle:

Antoine