Médias et démocratie

Depuis l’année dernière principalement et notamment l’élection de Donald Trump, de nombreux médias (qu’ils soient historiques comme les journaux, ou plus récents comme Facebook), se sont offusqués de la montée d’un nouveau phénomène: les Fake-news ou fausses informations.
Il n’a pourtant pas fallu l’année dernière pour que ces « fake news » existent, mais celles-ci semblent avoir pris une ampleur importante.
Ceci m’amène à poser une question importante : quel est le rapport entre les médias et la démocratie?
Car il est souvent pensé que pour pouvoir effectuer un vote, ou plus simplement s’engager en politique, il faut que les citoyens soient informés sur quoi ils votent, agissent, des enjeux, du pourquoi de la/ des décisions.
J’aimerai donc connaître vos avis, et pourquoi pas faire connaitre des documents qui permettraient de faire avancer le débat.

Pour commencer, je présente un texte (qui a ses défauts) qui peut donner un premier aperçu:
Médias et démocratie: La fonction des médias dans la démocratie (Bougnoux Daniel / cahiers français n°338):

Bon débat!

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J’ai été devancé sur ce sujet de 10 petites minutes! J’étais en train de préparer un message d’introduction, je le laisse ici, car il n’aborde pas le sujet exactement de la même façon.

Ah, les médias! Ce formidable outil démocratique qui permet l’expression d’opinions diverses, un véritable débat sur la place publique et une critique des agissements des acteurs publics ou privés.

Vraiment ? C’est en tous cas pas l’image d’un véritable quatrième pouvoir, indépendant que nous donne ce schéma du paysage médiatique français. Bien sûr, il ne s’agit pas d’ouvrir la voie aux théories du complot disant que nous sommes manipulés, mais cela ouvre à la réflexion. De nombreux auteurs s’y sont penchés, notamment l’américain Noam Chomsky dans La Fabrication du Consentement, qui montre la concentration et la convergence des médias.
Il ne s’agit de totale uniformité des points de vue, ni d’absence d’information. Pourtant, lorsque des médias sont contrôlés par de grands groupes financiers, on ne peut nier qu’il y a des intérêts derrière. C’est un contrôle assez diffus, par la mise sur agenda par exemple, qui ne cherchent pas à nous dire quoi penser, mais au moins à nous dire à quoi penser.

Evidemment, cette influence des médias et difficile à contrôler, à mesurer, mais elle existe et est l’une des clés du débat démocratique. Pour conclure ce premier message et ouvrir au débat, une citation de Francis Balle : “ [Le pouvoir des médias] est d’autant plus grand qu’on le croit faible, d’autant plus faible qu’on le croit fort"

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Bonjour,

Merci pour ces posts!

En plus de cette connivence entre les journalistes et le pouvoir politique/privé, il y a une potentielle remise en question sur certaines formations de journalisme.

Pourquoi nous parle-t-on, au quotidien, de ce que les Français préfèrent manger à l’apéritif au lien d’un reportage d’investigation ? Pourquoi toutes les chaînes de TV info, les 13h/20h et la quasi-totalité de la presse suivent le fil AFP ? N’est-ce tout de même pas grave que, dans une (pseudo) démocratie comme la France, nous devons passer par un financement participatif pour s’émanciper de toute influence ?

Les journalistes, dans une réelle démocratie, devraient être nos premiers porte-parole, les politiques devraient les craindre. Bizarre, ils préfèrent participer aux mêmes dîners.

Une partie de la réponse dans le livre de François Ruffin, Les petits soldats du journalisme, où il traite « des défenseurs malgré eux de l’ordre médiatique, entraînés par le Centre de formation des journalistes (CFJ) ». Je le lis actuellement, c’est un régal ! on m’a également parlé de Serge Halimi, mais je ne connais pas (encore).

Bien Démocratiquement,

Botch.

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J’ai eu l’occasion de traiter le sujet grâce à mes études, je vous met ici l’exposé que nous avions fait deux de mes camarades et moi. C’est un peu scolaire puisqu’il s’agit d’un exposé (et peut-être un peu long), mais il y a plusieurs références et il peut aider à la réflexion.

Le sujet : Les médias constituent-ils un 4e pouvoir ?

Les médias s’imposent progressivement à partir du XIXème siècle dans les systèmes politiques avec le développement de la presse écrite puis dans un second temps, tout au long du XXème siècle, avec l’apparition de la radio ainsi que de la télévision. Le mot média (du latin médian) signifie tout d’abord « intermédiaire » mais dans le langage courant les médias se rapportent plus généralement à « des institutions ou moyens permettant la diffusion large et collective d’informations et d’opinions ». Dans le cadre de la démocratie, les médias et notamment la presse sont apparus tout au long de l’histoire comme des intermédiaires essentiels entre les trois pouvoirs de l’État (législatif, exécutif et judiciaire) et la société mais également comme un recours pour les citoyens à l’égard du pouvoir. De ce fait, les médias ont souvent joué le rôle de dénonciateurs des dérives existantes et se sont imposés comme un « quatrième pouvoir », expression employée dès 1787 par E. Burke. D’autre part, les médias sont intimement liés à l’opinion publique et à la diffusion des idées, ce qui leur confère une place majeure dans les systèmes politiques modernes. En effet, le rapport entre souveraineté du peuple et liberté des médias est en partie une source de légitimité pour ceux-ci et leur permet d’influer fortement sur les affaires publiques. S’ils sont considérés comme un élément nécessaire au bon maintien de la démocratie et exercent une influence évidente dans les systèmes politiques, constituent-ils cependant réellement un quatrième pouvoir ? Ainsi, la nature et la définition du pouvoir des médias restent floues : tandis que les trois pouvoirs de l’État sont régis par le principe de séparation des pouvoirs et exercent une autorité sur un territoire donné, le pouvoir des médias semble tout autre. Au-delà d’un pouvoir d’influence, ceux-ci semblaient constituer une ressource face à de potentielles dérives du pouvoir. Cependant, la question de leur indépendance ainsi qu’une remise en cause croissante de ceux-ci poussent à nuancer cette idée.

I- Les médias : à la base d’un pouvoir d’influence certain

1. Le rôle des médias dans les sociétés démocratiques : de la prévention des dérives du pouvoir à la formation de l’opinion

Les médias ont connu un développement majeur tout au long du XXème siècle et ont entraîné un certain nombre d’interrogations sur leur influence et leur rôle au sein de la démocratie. Alexis de Tocqueville, dans la lignée d’Edmund Burke, évoque ainsi dès 1835 dans De la démocratie en Amérique, l’importance de la liberté de la presse en régime démocratique. Dès lors, selon lui, la presse constitue un pouvoir à part entière, qui se doit d’être libre et entre en corrélation avec l’idée de souveraineté du peuple. Les médias se constituent en effet comme garants de la communication entre les citoyens et l’État et se posent ainsi comme les garde-fous face à de possibles dérives du pouvoir. Marcel Gauchet s’est ainsi attaché à décrire leur rôle en ces termes : « le quatrième pouvoir est celui qui empêche le peuple de tomber dans l’esclavage en maintenant quelque chose de sa puissance dans les intervalles de sa manifestation ». Ce rôle essentiel en démocratie, posant les médias comme un pouvoir régulateur, véritable contrepoids face aux pouvoirs existants, s’est par exemple illustré lors de l’affaire du Watergate aux Etats-Unis en 1972, durant laquelle deux journalistes du Washington Post ont entraîné la chute du Président Richard Nixon.

Cependant, au-delà de ce rôle essentiel, les médias entretiennent également un lien fort avec « l’opinion publique », qu’ils participent à forger et sur laquelle ils influent. Ainsi, l’essence de ce « quatrième pouvoir » résiderait dans ce lien avec le peuple et ses préoccupations. Dès lors, de nombreux auteurs se sont intéressés à l’influence des médias et à leur pouvoir de diffusion de l’information. En effet, dans le cadre de la démocratie il est nécessaire de faire connaître à l’individu diverses informations lui permettant de construire son propre jugement et les médias jouent un rôle central dans cette construction. Maxwell McCombs et Donald Shaw (The Agenda-Setting Function of Mass Media, 1972) se sont ainsi attachés à montrer l’influence des médias lors des élections américaines de 1968. Les médias opèrent nécessairement un choix entre différentes informations et se focalisent sur des sujets précis, ce qui se répercute sur la population qui reçoit l’information. Les deux auteurs ont ainsi exposé la corrélation qui existait entre les sujets traités par les médias et ce que les individus considéraient comme les thèmes les plus importants. Le pouvoir détenu par les médias est donc également lié à la relation qu’il entretient avec la population.

2- Les médias : un pouvoir d’influence direct sur l’opinion publique

En démocratie, la puissance des médias (dans leur ensemble) paraît si importante que certains auteurs préfèrent évoquer la notion de « médiacratie », caractérisant ainsi une société où les trois pouvoirs du modèle de Montesquieu seraient dominés par celui des médias, disposant du pouvoir le plus influent quant à l’élaboration de convictions politiques citoyennes. En effet, les médias bénéficient d’une influence directe et spontanée sur la personne qui les consulte. C’est ce qu’affirment notamment les sociologues du mouvement « behavioriste » dans les années 1930 qui utilisent la métaphore de la « seringue hypodermique » de Harold Dwight Lasswell pour schématiser cette supposée « injection directe » de l’information dans l’esprit des membres d’une société afin de l’orienter dans ses choix et d’atteindre plus facilement une forme de consensus social en harmonisant l’ensemble des opinions (l’actualité est la même pour tous). Ainsi, de par l’actualité qu’ils relaient, les médias semblent instaurer une rationalité sur laquelle va se fonder l’opinion publique.

De plus, les médias semblent jouir d’une légitimité particulière faisant défaut aux autres pouvoirs. Pour cause, le développement progressif des différents supports médiatiques (et surtout la télévision et la radio) a permis d’assurer et de garantir la médiation entre représentants et représentés en instaurant un espace médiatique propice au débat public. Grâce aux médias, le citoyen “lambda” peut faire part de ses revendications publiquement et participer de fait, directement à la vie en société. C’est en ce sens que l’on peut considérer les médias comme le véritable relais de l’opinion publique. Néanmoins, on dénonce parfois cette fonction des médias qui s’apparentent désormais davantage à une « presse d’opinion » (exprimant donc un point de vue subjectif) qu’à une véritable presse d’information et d’investigation qui, elle, expose les faits, sans pour autant y apporter de jugement. Cette nouvelle pratique médiatique va permettre de rendre les médias influents au sein de la sphère politique. Effectivement, que cela soit sur le web, dans les magazines ou encore à la radio, on assiste par exemple à une multiplication considérable des sondages d’opinion (ayant pour but de fournir une indication quantitative de l’opinion publique, en interrogeant un échantillon représentatif de la population) prouvant bien que les médias constituent un instrument indispensable pour garantir la souveraineté du peuple qui les utilise donc aussi bien pour rester informé que pour se faire entendre (d’où la notion de méta-pouvoir chez Gauchet).

II – Des freins à l’existence d’un réel “quatrième pouvoir”

1- La question de l’indépendance : un contrepoids impossible des médias face aux pouvoirs existants ?

Dans nos sociétés démocratiques, les médias ont acquis une indépendance vis à vis des pouvoirs politiques, notamment dans la seconde moitié du XXème siècle avec l’éclatement de l’ORTF en France et une protection de la liberté et de la pluralité des opinions. Toutefois, cette émancipation a débouché sur une privatisation des médias : s’ils ne sont plus propriété de l’Etat, ils ne sont pas indépendants pour autant. Dans La Fabrique du Consentement (1988) de Noam Chomsky et Edward Herman, les auteurs évoquent une concentration et une convergence des médias. Ces derniers appartiennent directement à de grands groupes financiers, de moins en moins nombreux et de plus en plus influents. La présence de ces ‘empires médiatiques’ favorise l’uniformisation des messages diffusés dans les médias et peut créer une situation de censure ou d’autocensure de la part des journalistes, les intérêts de ces groupes financiers pouvant aller à l’encontre d’une information qui se voudrait objective et exhaustive. Cette subjectivité peut même se faire de manière involontaire de la part des journalistes, ces derniers étant conditionnés par les sources d’information mises à leur disposition ou encore les différentes politiques éditoriales. Cela remet en cause l’idée d’un quatrième pouvoir, jouant le rôle de contrepoids face aux pouvoirs existants.

Le poids financier qui pèse sur les médias limite également leur indépendance, puisqu’une grande partie des revenus des médias est issue de la publicité. Toujours dans La Fabrique du Consentement (1988) de Noam Chomsky et Edward Herman, les auteurs proposent un ‘modèle de propagande’. Selon celui-ci, les médias jouent en réalité un rôle d’intermédiaire entre la publicité et les citoyens. En effet, les journaux, soumis à la concurrence, ont chacun des audiences qui peuvent se regrouper mais qui sont aussi particulières, créant des profils types qui constituent ce lectorat. Dans une recherche de rentabilité voire de simple survie pour le journal, il convient à la fois de délivrer un message cohérent avec ce que l’audience attend du contenu du journal afin de la conforter dans ses opinions et qu’elle continue de l’acheter, et de ne pas froisser les annonceurs qui délivrent des messages publicitaires en accord avec ce contenu, spécialement conçu pour viser l’audience précise du journal. Les auteurs vont même dans ce modèle jusqu’à dire que ces publicités constituent finalement le contenu essentiel du journal, reléguant l’information à un rôle secondaire.

2- L’idée de “désinformation” comme entrave au pouvoir médiatique

Au début des années 1950, l’influence « directe » des médias prônés par les sociologues du behaviorisme va être profondément remise en question. En effet, l’étude empirique menée par Paul Lazarsfeld et Elihu Katz dans l’ouvrage Influence personnelle paru en 1955 fera émerger la « two step flow theory » plus connue sous le nom de « paradigme des effets limités ». Ce paradigme relativise l’influence des médias sur l’opinion publique en insistant sur le fait que tout message médiatique passe d’abord par des « leaders d’opinion » (qui vont filtrer et interpréter l’information) avant d’être relayé auprès d’un public plus large. Ce ne seraient donc pas véritablement les médias qui exerceraient une influence sur le comportement et l’opinion de l’individu mais plutôt ce nouvel acteur qui vient interférer entre médias et individu. Cette analyse marque donc un véritable tournant dans l’étude des « mass media » et instaure une vision dite des « médias faibles » constituant le fondement de la remise en cause d’un quatrième pouvoir à proprement parler.

De plus, les médias semblent actuellement traverser une crise de légitimité inédite du fait de la multiplication des canaux de communications qui apparaissent ces dernières années. Avec l’arrivée d’Internet et des réseaux sociaux, le phénomène de « massification de l’information » suscite la méfiance chez les internautes. En effet, comme l’affirment Thierry Vedel et Viviane Le Hay dans leur ouvrage intitulé Usages des médias et politique : une écologie des pratiques informationnelles, 2011, nos relations individuelles face au traitement de l’information changent considérablement et font évoluer nos « pratiques informationnelles ». Désormais, l’information est accessible partout, n’importe quand et gratuitement. Or, si ce changement semble bénéfique dans un premier temps, il convient de prendre en compte le fait que dans cette situation, tout le monde peut être susceptible de créer et diffuser de l’information librement. Dans cette optique, la qualité de l’information peut être menacée et c’est pourquoi on l’accuse de se vulgariser voire parfois même d’induire volontairement en erreur lorsqu’elle est falsifiée (cas des ‘fake news’ par exemple). La notion de « désinformation » apparaît alors officiellement au cours des années 1980 dans le dictionnaire de l’Académie française pour définir « une action particulière ou continue qui consiste, en usant de tout moyen, à induire un adversaire en erreur ou à favoriser chez lui la subversion dans le dessein de l’affaiblir. » Ainsi, fatalement, les médias perdent une grande partie de leur crédibilité. En France par exemple, la confiance de la société envers les médias est au plus bas selon les résultats du « baromètre de confiance », réalisé par TNS-Sofres en janvier 2010 pour La Croix (la radio qui resterait, selon cette enquête, le média le plus fiable). Nous pouvons dès lors craindre qu’une prise de distance envers les médias ait pour conséquence un désintérêt croissant pour l’actualité qui viendrait élargir davantage le fossé de défiance qui se creuse entre les médias et les citoyens.

Conclusion

Ainsi, cette notion de quatrième pouvoir afin d’évoquer les médias apparaît aujourd’hui plus comme un contre-pouvoir à ceux de l’Etat qu’un quatrième pouvoir à part entière et au même niveau que les trois autres. Si des auteurs ont pu craindre leur rôle trop important aux débuts de nos démocraties, ils ont été canalisés d’abord par l’Etat, et maintenant par les groupes financiers ou les intérêts particuliers. Mais outre ces limitations par les autres pouvoirs -politiques ou économiques-, les citoyens eux-mêmes limitent les pouvoirs des médias, que ce soit de manière inconsciente, en s’en servant pour conforter leurs opinions déjà existantes ; ou plus consciente en exprimant une méfiance vis à vis de ceux-là, notamment les médias traditionnels. Le pouvoir des médias semble quoi qu’il en soit difficile à mesurer, et Francis Balle le résume ainsi : “il est d’autant plus grand qu’on le croit faible, d’autant plus faible qu’on le croit fort”. De plus, les NTIC avec l’avènement d’internet et du ‘journalisme citoyen’ renforcent cette méfiance, tout en propageant des informations parfois fausses et invérifiables.

La bibliographie de notre exposé :

Gauchet Marcel, Contre-pouvoir, méta-pouvoir, anti-pouvoir dans Le Débat n° 138, Paris, Gallimard, 2006

Alexis de Tocqueville, De la Démocratie en Amérique, 1835

Maxwell McCombs, Donald Shaw, The Agenda-setting function of Mass Media, 1972

T. Vedel et V. Le Hay, Usages des médias et politique : une écologie des pratiques informationnelles, 2011

Paul Lazarsfeld et Elihu Katz, Influence personnelle, 1955

Francis Balle, Les médias, un quatrième pouvoir ?, Collection Que Sais-Je, 2012, Paris

Noam Chomsky et Edward Herman, La Fabrication du consentement. De la propagande médiatique en démocratie, Agone, 2008 (première parution 1988)

Daniel Mermet (interview de Noam Chomsky), “Le lavage de cerveaux en liberté”, Le Monde Diplomatique, Août 2007

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Salut à tous,
@baptvic Je crois aussi qu’il faut faire attention. Evidemment, tous les journalistes ne sont pas corrompus. Ce n’est pas parce qu’un journal est propriété d’un grand groupe que ses journalistes sont muselés, etc.
Il faut savoir faire la part des choses et ne pas tomber dans le fameux « tous pourri ». On trouve de très bons journalistes d’investigations au monde, à libé, etc. Par exemple, les « panama papers » ont été révélé par des journalistes qui travaillent dans ces grands groupes.
Je ne prends pas la défense des grands groupes mais j’essaye de nuancer un peu :wink:

@BotchDemocratique Peut être que la formation des journalistes n’est pas optimale, mais l’éducation des lecteurs ne l’est pas non plus. Actuellement, la plupart des gens ne veulent plus acheter un journal papier et lisent sur internet sur des sites plus ou moins acceptable. Mais après tout chacun peut dire à peu prêt ce qu’il a envie donc la n’est pas le problème et personnellement je rien contre un article engagé.
La ou je veux en venir, c’est qu’il faudrait plutôt former les gens à avoir un esprit critique dans leurs lectures plutôt que de stigmatiser la source. A partir de ce point la distinction entre « fake news » et véritable information se ferait naturellement.
A ce sujet, je ne peux que conseiller la chaine youtube Hygiène mentale :slight_smile:

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On est bien d’accord pour la formation du lecteur comme la zététique d’Hygiene mentale (cette chaîne Youtube est géniale :slight_smile: ). Être citoyen c’est avoir un esprit critique sur tout.

Je ne dis pas que le journalisme ne devrait pas produire des articles engagés, bien au contraire. C’est la très faible pluralité des avis dans les grands médias qui m’ennuie.

Je dis même que les journalistes n’osent pas aller sur des sujets trop clivant pour ne pas diminuer l’audience ou la vente d’un papier… Je veux plus qu’une simple description d’un fait : je veux une analyse, thèse, antithèse… Bref, du journalisme.

Et peut-être qu’il n’y en a pas beaucoup à cause du système de formation en plus d’un manque d’indépendance ?

Bien Démocratiquement,

Botch.

Au niveau des chaines Youtube: Horizon gull ( axé sur la sociologie) a fait une vidéo sur l’influence des médias. Zoom - La recette de Valeurs Actuelles - YouTube
Au niveau de la zététique la tronche en biais est aussi très enrichissant. Dans la même lignée qu’hygiène mentale.

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Bonsoir, je pose juste ça là, émission radio intéressante sur le traitement médiatique lors de l’investiture Macron

Si vous n’avez pas le temps vous pouvez toujours suivre Samuel Gontier sur twitter, il fait du débunkage de temps à autres.

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Pour connaitre assez bien une école de journalisme assez « côté » les étudiants sont formés a faire du journalisme comme tu l’entends :slight_smile:
Je ne dis pas que c’est le cas dans toutes les écoles mais dans celle-ci oui.

vidéo de Demos Kratos sur : « Comment améliorer nos médias? »

Je suis d’accord avec toi, la plupart des grands groupes médiatiques sont contrôlés par des grands groupes. Mais réduire le problème à seulement cela ne semble correct. Les journalistes attachés à ces rédactions peuvent vouloir faire un travail avec une certaine pluralité.
Car que devons nous penser des médias de la république française, qui sont sensé donner un aperçu pluraliste, sur tous les opinions, pour une république indivisible?
Une vidéo (d’Usul) sur le journaliste D Pujadas où le détail des journaux télévisés est donné:
Résultats: L’émotion est ce qui prime dans les journaux, et non l’analyse large des évènements (c’est aussi décrit par horizon gull).

Maintenant Pujadas a été renvoyé. Cela changera quelque chose?

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Quelques-un(e)s d’entre nous ont fait plusieurs constats :
Beaucoup de médias à forte audience appartiennent à de grands groupes, mais ça n’empêche pas à ce que certains journalistes (surtout ceux d’investigation) fassent de bons sujets (exemple : Panama papers).
Au-delà de leur indépendance, un nombre considérable de journaliste préfèrent médiatiser des informations à sensation, écartant par là-même les analyses fines. Certain(e)s ont essayé de critiquer (en bien ou en mal) la formation des journalistes ainsi que l’esprit critique du lecteur/spectateur. Une des raisons qui pourraient expliquer ce manque de qualité serait la course à l’audience, notamment lié aux ventes du journal et aux publicités qui peuvent être vendu à ce moment. Plus un journal fait des ventes, plus il gagne de l’argent et plus il vend les pubs chers.

Si la vidéo partagée par @c.viallis donnent des indices pour créer une presse plus indépendante, elle ne répond pas à tout.
Pourquoi ? Car au final, c’est quoi une information vraie, neutre, pluraliste, lié à un esprit critique, etc… (ici j’ai employé beaucoup d’adjectifs qui ne sont pas synonymes) ?
Si je dis cela, c’est que ce n’est pas vraiment clair pour beaucoup de monde (ni pour moi) et j’aimerai que l’on partage nos points de vue.
De mon côté, je distingue deux types d’informations : les informations non-politiques et les informations politiques. Les informations non-politiques sont celles qui sont assez éloignées des êtres humains (des découvertes en physique) ou les informations de loisirs (les résultats des jeux olympique de natation). Pour les informations politiques, cela regroupe des sujets de société, internationale, économiques, sur le système politique, etc…

La question est alors, comment les journalistes devraient exprimer ces informations politiques? Faire une thèse/ antithèse comme le dit @BotchDemocratique. En fait je pense que cela serait très difficile à appliquer. Il y a différents points de vues dans une société, chacun de ces points de vue est convaincu d’avoir raison (ce n’est pas seulement par intérêt) et décidé lequel de ces points de vue est le meilleur revient souvent à exprimer son propre point de vue. Le journaliste fera exactement la même chose, exprimant son propre point de vue, même parfois sous couvert de pluralisme dans son article (par exemple, utiliser des mots mal-appropriés pour la vision adverse, ou alors un paragraphe avec moins d’idées, moins long pour cette même vision : en effet, ce n’est pas son opinion, il la connaît moins, ce n’est peut-être pas par manque de volonté). De lui-même, le journaliste aura du mal à trouver un équilibre entre les très nombreux points de vue de notre société.
Ce serait donc plutôt au lecteur lui-même de mettre en exercice son esprit critique, éviter le biais de confirmation qui fait que l’on garde les mêmes idées malgré les faits qui prouvent le contraire. En effet, avec une presse indépendante, le lecteur aura accès aux différents points de vue. Et c’est encore plus facile avec internet actuellement.

Je laisserai ensuite une dernière remarque : que sont devenus les informations, les faits, actuellement, lorsque l’on connaît à peine ce qui se passe dans notre quartier/ village, et que l’on connaît la poignée de main de notre président à 1000km de là ? Lorsque je vois un nombre important de personnes qui se promène avec des écouteurs et/ou regardant leur portable (je ne critique ici pas de le faire quelques fois), je me demande si le monde que ces gens retiennent est celui transmis par les médias, les réseaux sociaux, ou celui qui vie autour d’eux ?

Le problème de certains journalistes comme Pujadas, Apathie, Pernault, Ruth Elkrief, Barbier, Joffrin, Gisbert, Burgraff ne se remettent jamais en questions et posent des questions très mauvaises.

Les seuls qui font leur boulot correctemet son Elise Lucet, Médiapart, les journaux indépendants et les youtubeurs politique.

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Natasha Polony et Elise Lucet qui parlent de leur métier de journaliste

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En réalité au niveau du contrôle des grands groupes effectivement il faut faire attention, mais dans les deux sens. C’est à dire qu’un journal ne contrôle évidemment pas le travail de chaque journaliste et chaque article au mot près, mais il y a un contrôle qui en réalité est diffus.

Il se fait tout d’abord par une autocensure, qui n’est pas forcément volontaire de la part du journaliste qui voudrait « cacher des informations ». Prenons l’exemple récent de la condamnation de Serge Dassault : difficile d’imaginer ce propriétaire dicter directement au rédac chef du Figaro quoi écrire dans l’article. Pourtant, le journaliste qui écrit l’article sait que S. Dassault est son ‹ patron › et il va de lui-même mettre en avant les éléments en faveur de la défense. C’est presque involontaire, donc dire que les médias sont contrôlés par peu de personnes ne veut surtout pas dire que les journalistes feraient mal leur job, c’est souvent involontaire voire malgré eux.
Une autre forme de ce contrôle diffus, involontaire, ce sont les sources. Si un journaliste travaille dans une rédaction A, il n’aura pas les mêmes sources à disposition que s’il travaille dans une rédaction B. Ces sources sont mises à disposition en grande partie par le média lui-même, et le journaliste sera ainsi orienté via ces sources, sans pour autant le faire volontairement ni qu’il n’y ai une quelconque négligence de sa part. Evidemment, c’est là encore difficile à mesurer.

Quant au sens critique, c’est selon moi un autre débat. @c.viallis Tu dis par exemple que seuls Mediapart, Elise Lucet et les journaux indépendants font leur boulot correctement. Or, pour bon nombre de personnes, ceux que tu as cité sont considérés comme des « gauchos » ou autres adjectifs pas vraiment valorisant. Tu aura beau écrire un article parfaitement détaillé, documenté, avec des sources fiables, il y aura toujours des gens pour remettre cela en cause car ça ne va pas dans leur courant de pensée.

Et pour finir, évidemment les journaux sont heurtés au problème du financement. Ils doivent vendre et tirent une grande partie de leurs revenus de la publicité. Cette première contrainte favorise les articles qui fonctionnent sur les sentiments, des titres vendeurs aguicheurs. Quant à la deuxième, elle favorise la position des grandes marques qui peuvent se payer ces publicités, puisque froisser ses annonceurs c’est mettre la clé sous la porte pour de nombreux journaux.

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« gauchos »??? oui bin c’est devenu une insulte d’être de gauche avec pleins de variantes, il n’y a pas d’insultes pour ceux qui sont à droite. On va pas s’arrêter à chaque insultes. On est jugés tout le temps quoi qu’on fasse.

Ceux que j’ai cité qui font leur travail correctement c’est qu’ils prennent le temps de le faire avec Cash investigation où ils font 1 an d’enquête. Ils prennent le temps d’analyser et traiter l’information.Qui d’autre fait ça maintenant?

Les autres journaliste/pigistes/stagiaires sous payés n’ont pas le temps de bien faire leur travail et de traiter une info correctement.

Pour répondre à ce qui a été dit en tout premier, les médias, selon moi, jouent un rôle déterminant dans la société.
Peut-être que ça le sera de moins en moins avec Internet (quoique les gens vont pouvoir des fake-news sans s’en rendre compte). En tout cas j’avais envie de partager cette vidéo avec toi qui résume assez ce que je pense de tout ça :

En la regardant je trouve qu’il y va fort sur le sujet mais malheureusement je pense qu’au fond il a raison…

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Oui @jguignie on ne peut pas résumer la situation qu’à cela (le fait que les grands groupes détiennent la quasi totalité des médias). Mais même quand certains veulent faire du bon boulot (Elise Lucet, etc…) ils ont parfois des bâtons dans les roues.

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Je disais ça pour dire qu’une information jugée comme objective et indépendante par certains peut au contraire être qualifiée de subjective et soumise (à une idéologie notamment) par d’autres, et c’est ce qui complique aussi le débat.

@NeXiuS Une des difficultés quand on parle de « grands groupes » et de « contrôle des médias » c’est évidemment de ne pas tomber dans la théorie du complot, et évidemment qu’il y a des nuances. Il n’y a pas d’assassinats de journalistes ni de véritable propagande, mais plein de petits éléments de contrôle.

Je suis d’accord avec toi,dire information objective est très difficile à dire: et je vais même plus loin, lorsqu’elle est politique elle sera toujours subjective.[quote=« jguignie, post:13, topic:2568 »]
chacun de ces points de vue est convaincu d’avoir raison (ce n’est pas seulement par intérêt)
[/quote]
Par contre, indépendant des pouvoirs peut être possible.

C’est d’ailleurs pourquoi l’approche de DATAGUEULE qui se donne pour objectif des bases les faits, n’est pas du tout suivi par certains: ils ont d’autres considérations qui ne sont pas présentés par Datagueule.
En revanche, ce que l’on peut dire c’est que l’on peut orienter (surtout pour l’aspect économique) les faits dans le sens du plus grand nombre (celle-ci sera subjective/ orienté malgré tout), des citoyens: et c’est donner cette information que devrait permettre la démocratie.
J’ajouterai pour plus de précisions cela: On pourra toujours révéler certains mécanismes sociaux (comme la construction des inégalités, le chômage de masse, etc…). Le problème vient à savoir quelle est la méthode pour réduire les problèmes induits par ces mécanismes: Et tout le monde prendra en compte seulement un certains nombre de mécanisme (par exemple: pour réduire le chômage on peut permettre une plus grande flexibilité aux entreprises (ça marche), mais ça ne prends pas en compte les problèmes que ça induit (vie difficile car travail en alternance, petits boulots…).

Malheureusement les gens qui ont les moyens de faire ces analyses n’ont qu’une très faible présence médiatique classique (cash est le seul reportage sur les heures importantes.). Et lorsqu’ils arrivent à le faire, ils sont menacés, même avec le service publique qui un directeur des chaînes nommé par le président.

C’est simple: Ceux qui ont le pouvoir veulent le garder. Sauf qu’actuellement, les Etats ont beaucoup moins de pouvoirs sur l’économie et la finance . Et ceux là veulent le garder et même augmenter ce pouvoir.
Deux causes: Certains citoyens (de tous pays d’ailleurs) ont élu des hommes et femmes politiques qui ont détruit les pouvoirs de l’Etat sur l’économie. Et le pouvoir financier et économique a fait du chantage économique et financier à certains autres hommes politiques: si vous enlevez du pouvoir aux entreprises, on délocalise et aucun homme politique veut plus de chômage. Resultat: en 1983 Mitterand commence une politique libérale après avoir tenté la gauche.

Les mentalités changent, espérons que le film de datagueule en libère quelques uns!

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