Dans ma perception de la démocratie, la notion essentielle est la souveraineté du peuple (peuple = ensemble de tout les citoyens). Il me semble logique que le système politique démocratique prévoit que le peuple puisse systématiquement exercer sa souveraineté politique. Les considérations pratiques de la vie restreignent l'investissement que la plupart des citoyens peuvent avoir en politique, ce qui motive à en sélectionner certains qui vont y consacrer plus de temps. Cela ne signifie cependant pas que la plupart des citoyens doivent automatiquement se séparer de presque tout investissement politique, pas plus que ceux qui ont été sélectionnés se prévalent automatiquement d'un pouvoir de décision politique.
L'expérience de la constitution Suisse démontre que la souveraineté du peuple peut être largement respectée avec un investissement acceptable pour plus de 40% de la population d'habituellement 2 à 4 campagnes de votations populaires par année. Les modifications législatives de la constitution et des lois sont soumises à la souveraineté du peuple via respectivement le référendum obligatoire et le référendum facultatif. Le gouvernement ne peut en principe pas contourner la souveraineté du peuple (sauf p.ex. décret urgent limité à une année). Ce qui est important d'observer ici c'est que le souverain reste le peuple, même si l'essentiel du travail législatif est effectué par ceux qui ont été sélectionnés dans ce but.
Le tirage au sort n'est qu'une autre forme de sélection, avec des avantages et des inconvénients. Je comprends que sous certaines formes il permet un travail législatif de meilleure qualité. Tant mieux si c'est le cas en pratique. Toutefois, même un excellent travail législatif ne doit pas pouvoir s'affranchir de la souveraineté du peuple, quelque soit la méthode de sélection.
De mon point de vue, les notions obsolètes en démocratie sont celles qui prétendent pouvoir se passer de la souveraineté du peuple. Que se soit l'élection, le tirage au sort, ou une autre forme de sélection, leurs effets sur la démocratie dépendent des pouvoirs qui leur sont conférés. Le débat devient plus compliqué quand des opinions soutiennent qu'une forme de sélection implique un transfert de souveraineté du peuple à cette sélection. Pour ma part je pense qu'il y a encore de la créativité possible pour améliorer la qualité du travail législatif, mais que le peuple doit absolument conserver sa souveraineté.
Le référendum populaire Suisse est un tout autre sujet puisque la modification de la constitution est proposée par un comité d'initiative lors de sa déposition et ne peut plus être modifiée par la suite, ni par le comité, ni par le gouvernement. La question de la sélection ne se pose même pas. Le seul travail législatif possible est un contre-projet à l'initiative.