Education: affaiblissement de l'esprit critique et dégradation de la conscience démocratique?

Education: affaiblissement de l’esprit critique et dégradation de la conscience démocratique?

Jeune étudiant de 20 ans, je constate aujourd’hui une jeunesse malheureusement trop passive politiquement, et indifférente aux questions politiques, économiques, sociétales etc. Qu’en pensez vous? Quelles causes et conséquences? L’Ecole actuelle est-elle loin de remplir sa tâche?

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Bonjour,

Est-ce à dire que vous pensez qu’il y a 20ans les jeunes étaient plus « politisés » ou intéressés par les sujets que vous évoquez ?

Pour ma part, j’en doute.Je ne peux pas juger la jeunesse actuelle, mais il y a 20 ans, je sortais tout juste du lycée. Et à cette époque, les personnes engagées (autour de moi en tout cas) politiquement ne me semblent pas plus fréquentes que maintenant. Et je me rappelle que déjà, les lycéens engagés trouvaient que les autres ne s’engageaient pas assez :stuck_out_tongue:

Concernant l’école actuelle, je ne peux dire, mais à mon avis, l’école n’a pas à inciter les jeune à être « actif politiquement ». Seulement à leur apprendre un socle commun et une capacité de raisonnement. L’envie de prendre part à la vie politique (quelque soit le moyen mis en oeuvre) n’a, je pense, rien à voir avec la mission de l’éducation.

voilà pour mon avis.

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Etant dans la même tranche d’âge que @dionisipaul, je ne peux pas me prononcer sur l’évolution du phénomène mais je partage son sentiment et je serais curieuse de savoir que nos ainés en pensent !

En revanche je pense que l’école a tout de même un rôle déterminant à jouer.
Sans parler directement d’un rôle de politisation, je pense qu’il est important qu’elle sensibilise les élèves à leur propre dimension collective, en les responsabilisant dans leur rapport à autrui, en leur enseignant l’écoute bienveillante et la prise de décision collective : or ce n’est rien d’autre que leur permettre l’exercice concret de la citoyenneté (et c’est là que nos avis divergent, @ThomasFl) .
Je n’avancerais pas que la coopération est absente de l’enseignement que nous avons reçu, mais il me semble que nous avons encore une belle marche de manoeuvre et que lui donner plus de place serait non seulement profitable à notre relation à la politique, mais aussi à notre relation à l’autre en déconstruisant notre individualisme (Alain Deneault rappelait dans une interview de #Datagueule combien l’individualisme est une construction sociale, et que « dans la plupart des cultures du monde, on se considère d’emblée dans un collectif »).
À mon avis, il n’y a pas grand chose de plus politique qu’une telle démarche.

Merci pour vos réponses! Est-ce que d’autres pourraient donner leur avis svp!!
Merci et bonne fin de journée

Oui c’est sûr l’école à un rôle déterminant dans l’engagement des futurs citoyens. C’est d’ailleurs une des raisons qui est évoqué pour expliquer l’émergence de mai 68 (c’est d’ailleurs le 50ième anniversaire cette année): l’apparition d’une nouvelle classe éduquée.
Il ne faut pas oublier aussi que l’école en elle-même est déjà un dispositif collectif: les parents confient leurs enfants à une institution commune dans le but de faire apprendre quelque chose à leurs enfants. Imaginez une seconde un monde sans école, à faire soi-même l’éducation des enfants, seule une toute petite partie des parents pourrait donner une éducation à leurs enfants. C’est d’ailleurs ce qui se passait le siècle dernier.
Il y a eu depuis une constante augmentation des effectifs dans l’enseignement supérieur (sauf depuis quelques années je crois).
Par contre, faire de l’éducation un rôle politique c’est quelque chose de différent: on donne alors une mission d’apprentissage sur des éléments qui sont sujets à des débats. Or donner par exemple une directive qui va dans un certain sens politique dans l’éducation, c’est juste vouloir appliquer un pouvoir sur les élèves au détriment du débat politique qui a lieu dans la société. Donner un rôle politique à l’éducation, c’est immiscer la société dans l’éducation des élèves, et ne plus donner aux élèves le temps de réfléchir sur leur propre situation, de choisir leur propre voie, et de les pousser à suivre la voix des ainées. En plus de cela, cela va à l’encontre du collectif: le choix du thème politique abordé va sans doute à l’encontre d’une partie de la population.
Par contre, sensibiliser sur les institutions politiques en place (qui abordent donc la dimension collective de la société), oui et je pense que c’est déjà fait au moins avec les cours d’histoire. Sensibiliser sur ce que les humains ont pensé, sur l"esprit critique, il suffit de regarder les sciences et la philosophie. Ce sont donc bien des connaissances, et beaucoup moins de politique.

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Est-ce qu’il n’y a pas de cours d’éducation civique déjà en place en France ? Ce type de cours est censé instruire le fonctionnement du système politique.

Bonsoir,
J’ai un point de vue très différent sur la question elle même @dionisipaul.
J’ai l’impression que tu sous-entends que l’école a comme rôle d’éduquer politiquement les « jeunes ».
Mon avis est que l’éducation politique se fait d’avantage hors de l’école qu’à l’école.
En revanche, je suis complètement d’accord avec toi en ce qui concerne : [quote=« dionisipaul, post:1, topic:3685 »]
affaiblissement de l’esprit critique
[/quote]
L’école ne forme quasiment pas l’esprit critique. J’ai de nombreuses expériences dans différents environnements scolaires. Du collège à la classe prépa dans des milieux sociaux très différents.
Étonnamment c’est en général dans les classes de prépa que l’on développe le moins l’esprit critique des étudiants.
Si cela vous intéresse, je vous conseille d’aller voir ce qu’est la zététique. C’est une manière comme une autre d’avoir des outils pour traiter de manière critique l’information.

Je pense que l’école pourrait donner d’avantage d’outils pour aiguiser l’esprit critique, c’est avec ces outils que l’on peut alors construire une conscience politique par des interactions sociales. Les associations, les groupes de musiques, les clubs de sport, la famille, les amis, la télé, les infos, facebook, . . . Ce sont d’avantage toutes ces choses qui créent une conscience politique chez les les individus.

Aujourd’hui, il y a 20 ans ou peut-être même depuis toujours, l’école en France (je précise en France, les systèmes sont très différents d’un pays à l’autre) n’a jamais été le lieu où l’esprit critique est valorisé.

Voilà mon avis sur ta question :grin:

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Bonsoir,
C’est une bonne question, je ne sais pas si les cours d’éducation civique existent toujours. Je vais me renseigner :smile:
Après, si c’est pour apprendre qu’il y a 3 pouvoirs séparés : l’exécutif, le législatif et le judiciaire. Cela ne va pas les aider à comprendre la réalité politique de notre pays malheureusement.:cry:

Bonsoir et merci pour votre réponse.
Quand j’évoque le terme politique, c’est plus dans le sens « conscience démocratique » et citoyenneté : participer à la vie civique, participer à la vie de la cité historiquement. Les nouveaux citoyens ne deviennent pas plus « passifs » que « actifs »? Bien évidemment je ne parle pas du fait de voter etc, d’appartenance à un parti (la démocratie n’est pas un rendez-vous).

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C’est intéressent ! Tu parles du fait de voter.
On peut se poser la question de savoir si la participation à la vie civique ne se résume plus qu’uniquement à voter ?
Comment pouvons-nous participer à la vie civique autrement que par le vote ?

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on peut télécharger le programme du CP à la 3ème sur le site http://www.education.gouv.fr

Sur ‹ l’Enseignement moral et civique › c’est les pages 54 à 61 du CP au CE2, 162 à 169 du CM1 à la 6ème et 299 à 306 de la 5ème à la 6ème.
Je vais aller les lire de ce pas…

extrait : "L’enseignement moral et civique a pour but de favoriser le développement d’une aptitude à vivre ensemble dans une République indivisible, laïque, démocratique et sociale . Il met en œuvre quatre principes :

a)- penser et agir par soi-même et avec les autres et pouvoir argumenter ses positions et ses choix (principe d’autonomie)
b)- comprendre le bien-fondé des normes et des règles régissant les comportements individuels et collectifs, les respecter et agir conformément à elles (principe de discipline)
c)- reconnaître le pluralisme des opinions, des convictions, des croyances et des modes de vie (principe de la coexistence des libertés) ;
d)- construire du lien social et politique (principe de la communauté des citoyens)"

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merci pour le programme!
Mais la théorie est toujours différente de la pratique malheureusement. Est-ce que pour autant cela forme des jeunes qui se sentent concernés par la vie civique de leur pays?

Selon moi la vie civique peut se manifester via l’adhésion à des initiatives citoyennes, des civic tec etc mais ma pensée n’est pas objective c’est essentiellement un souhait pour moi que plus de jeunes s’emparent des questions civiques pour tenter d’envisager un modèle démocratique alternatif…

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Ma première réaction à chaud sur le programme est qu’il est fortement tourné sur les valeurs du vivre ensemble mais qu’en aucune façon il ne parle ni ne questionne la question du pouvoir, de son organisation et de sa légitimité !

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Autre question plus triviale. Certains sous-entendent que ce n’est pas dans l’intérêt de l’Etat d’avoir un peuple instruit capable de raisonner et de changer les choses etc, comme si l’Etat contribuait au système d’éducation « défaillant ». C’est un argument un peu simpliste et un peu faux n’est-ce pas?

Bonjour,
Ta réflexion n’est pas fausse mais elle est peut-être un peu trop simplifiée pour être vrai. Dans le fond c’est pas faux à mon avis mais c’est un peu plus complexe.
Pour être direct, il n’y a pas de complot et le terme Etat est assez vague.
Je te conseille cette vidéo : Haïssez le jeu. Pas les joueurs. Démocratie 9 - YouTube
Ce n’est pas vraiment une question « d’intérêt de l’Etat » c’est moins flou que cela.
On en reparle quand tu as vu la vidéo si tu as le temps.

Bonne journée !

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Il faut tenter de voir le côté positif: c’est justement en apprenant comment le système devrait fonctionner en théorie que l’on peut percevoir que le système actuel a un problème; donc ça me semble pas inutile du tout. Sans cette perception, il y a le risque que les nouvelles générations considèrent normal qu’un président puisse avoir la mainmise sur le législatif et que le peuple n’a pas de souveraineté.

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Question des plus pertinentes.

J’observe qu’en Suisse, où les instruments de démocratie directe sont largement utilisés, on peut très grossièrement catégoriser ainsi la participation à la vie civique sur une année:

  • La majorité des citoyens vont voter sur les sujets (objet) qui les intéressent à l’occasion de votations organisée 3 à 4 fois par années sur généralement une douzaine de sujets en tout (fédéraux + cantonaux + communaux).
  • Quand il n’y a pas d’intérêt majoritaire et/ou que le sujet ne crée pas un large avis dans un sens ou dans l’autre, le taux de participation n’atteint pas la majorité des citoyens. Le résultat du vote compte quand même, mais la majorité des citoyens n’ont rien fait pour participer à la vie civique.
  • Certaine initiatives populaires obtiennent les 100’000 signatures pour les valider, et certain référendum facultatifs obtiennes les 50’000 signatures pour les valider. C’est un moyen assez efficace pour participer à la vie civique, en seconde position après les votations.
  • Quelques milliers de citoyens sont élus pour faire partie du système politique. Ceux-là ont plus de responsabilités et de travail. Ils votent bien plus souvent qu’un citoyen non élu, mais ils sont aussi bien moins nombreux.
  • Quelques dizaines de citoyens formes des comités (de 7 à 27 personnes) pour lancer une initiative populaire ou un référendum facultatif. Bien qu’en proportion de tout les citoyens ce soit très peu, c’est une participation très importante à la vie civique puisque potentiellement tout les citoyens vont voter et que la constitution peut être modifiée.
  • La quantité n’est pas publiée, mais toute personne résidant en Suisse peut envoyer une pétition au gouvernement, qui fait généralement ce qu’il faut pour répondre. Je pense que c’est tout de même une forme (légère) de participation à la vie civique.

Pour résumer la situation en Suisse: Oui, le vote est bien le principal moyen de participation à la vie civique pour la plupart des citoyens, mais d’autres actions sont possibles et c’est ce qui fait la richesse d’un système politique. Des actions importantes peuvent être initiées par un groupe très réduit de citoyens.

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Merci beaucoup de partager avec nous les exemples suisses de participation à la vie politique. Il est toujours très constructif de voir ce qu’il se fait ailleurs pour trouver une inspirations pour de nouvelles solutions.

Pas de quoi, c’est bien le but et l’intention :slight_smile:

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Bonjour Radon,

Merci pour le lien j’ai regardé la vidéo. Pour faire simple ce serait le système qui serai responsable plus que les hommes? Donc penser que certains oeuvrent pour maintenir le « peuple » « endormi » n’a pas d’intérêt?