Dimanche aprèm je me suis rendu à l’un des ateliers mensuels de la CNT, qui portait ce mois-ci sur les coopératives.
J’ai pris quelques notes car nous avons eu droit à plusieurs intervenants qui nous ont parlé de l’histoire des coopératives, d’expériences récentes ainsi que des problématiques qui entourent le sujet. En voici donc le compte-rendu, qui pourrait apporter du contenu pour le débat.
On a pu distinguer cinq grandes parties avec cinq intervenants différents :
1ère partie : l’histoire des coopératives
Une coopérative, qu’est ce que c’est? En toute généralité, il s’agit d’une association de personnes dans l’économie, qui se base sur des principes et des règles dont :
- l’engagement volontaire
- l’égalité des personnes
- la solidarité
L’histoire des coopératives va de la Révolution Française à nos jours, avec depuis quelques années un vrai bouillonement dans le domaine. Il faut cependant comprendre qu’il y a de nombreux types de coopératives, et en particulier un point que j’ai retenu et qui m’a semblé fondamental est qu’on peut notamment distinguer coopératives de consommation et coopératives de production. Les coopératives de consommation visent à garantir le contrôle des consommateurs sur la production, tandis que les coopératives de production visent à garantir le contrôle des travailleurs sur la production. Seulement voilà, cela engendre des tensions, et l’idéal serait de combiner les deux, car chacun de ces deux types de coopératives peuvent très facilement donner lieu à des dérives : risque de corporatisme, non garantie des conditions de travail…
Un autre point important à noter est qu’une coopérative de consommation se fait avec très peu de capital, tandis qu’une coopérative de production en nécessite une certaine quantité. On peut donc voir dans un projet d’autogestion la coopérative de consommation comme le tremplin vers quelque chose de plus ambitieux.
Il est interessant de voir que les coopératives d’usager (comme banques et assurances coopératives) emploient 25M de personnes contre 4 Millions pour les coopératives de productions.
La coopération a explosé après la révolution de 1848, la France c’est couverte de coopérative, détruite par Napoléon III par la suite. Comme les mouvements coopératifs forts de la décolonisations ont été détruit par les états colonisateurs, même si le commerce équitable est en train de les ressusciter.
2ème partie : les coopératives vues du pdv de la stratégie d’entreprise
Partie plus courte dans laquelle on nous a parlé des modalités de fonctionnement des coopératives, les questions de salaire.
Un point qui a été mis en avant est la dimension sociale forte des coopératives, au détriment de l’aspect capitalistique, à l’opposé de l’entreprise capitaliste classique.
Cependant, les dérives existent et on a eu l’exemple de Mondragon, coop espagnole qui s’est éloignée de son objectif premier de coopérative avec le temps et en grossissant.
En terme de gestion, deux pistes que l’intervenant a mis en avant :
- La socialisation des revenus du côté de l’actif du bilan
- Un financement par système socialisé, par exemple via un fonds salarial d’investissement du côþé passif du bilan
Il est question de remettre en cause la propriété via ces deux pistes, et d’exiger le droit de participer à la prise de décision dès lors qu’on fait vivre l’entreprise.
3ème partie : copaname (800 salariés)
Il s’agit d’une entreprise qui propose aux travailleurs de tous les horizons de se regrouper pour etre un grand nombre de précaires à travailler en indépendant, mais en bénéficiant des avantages sociaux de la structure d’entreprise. Elle est donc multi-activités et ouverte à tous.
Son but premier était d’accueillir les chômeurs forcé de crée leur propre emploie pour leurs apporté la sécurité que ce statu n’apporte pas.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce ne sont pas les chômeurs qui affluent vers cette entreprise mais beaucoup de travailleurs précaires[ j’ai plus compirs autonome] qui veulent échapper au rapport de subordination du salariat. Il y a des journalistes, des informaticiens, des jardiniers, des graphistes…
Il a également été fait mention de « Smart », une coopérative belge regroupant 75 000 artistes, et qui agit comme un syndicat des artistes, dans la mesure où elle renverse le rapport de depéndance entre artistes et employeurs : ceux qui ne payent pas les artistes pour leurs prestations sont tout simplement blacklistés par l’entreprise et donc par les 75 000 salariés, soit une bonne partie[la quasi totalité] des artistes belges. Cela grace à l’automatisation du fonctionnement de la coopérative.
4ème partie : coopérative intégrale ile de france
Une coopérative intégrale, c’est une coopérative qui cherche à proposer tout un ensemble de réseaux permettant à terme de s’extraire du capitalisme. La coopérative intégrale de Catalogne en est un bon exemple (malgré certaines problématiques la concernant), et il y a eu une tentative de proposer le meme principe en Ile de France. Seulement ça a été un échec, et ce pour plusieurs raisons, selon l’intervenante :
-Volonté d’autonomie, donc sans subvention. Seulement tout le monde n’est pas prêt, nécessaire de fixer cela avant de se lancer
-Question de la légalité, illégalité (créer leur propre monnaie : désobéissance fiscale car la tva saute)
-Inclusion, inclure tout le monde = perte d’identité, problème d’engagement : qui a du temps à donner?
-Manque de temps, épuisement, la bonne volonté ne fait pas tout, problème du lieu de rencontre (local? Global?.. )
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Prétention à englober l’IDF mais surtout des parisiens : peut-etre trop gros, revoir à une échelle plus petite?
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Relation avec des gens qui avaient des initiatives concrètes : tout le monde s’attend, initiateur comme organisateur… les initiateurs fuient car quelle légitimité pour les organisateurs? Ça n’a pas pris à cause de cette défiance (entre autres)
A ce propos il a également été fait mention de la coopération intégrale du Berry, qui semblait proposer un projet très intéressant et est déjà à un stade très avancé (voir notes) et la coopérative intégrale de Catalogne qui fonctionne très bien.
5ème partie : Les SAPO
On nous a finalement parlé des SAPO, une structure économique assez oubliée, mais qui présente l’originalité de donner une place au travail dans le passif de l’entreprise, et donc donne une certaine légitimité intrinsèque aux travailleurs dans la prise de décision.
Il semble cependant qu’on a eu très peu de SAPO dans l’Histoire, dans la mesure où la chambre de commerce de Paris et l’association de la promotion de la participation se sont ruées sur les SAPO pour leur mettre des bâtons dans les roues.
Comme exemple concret, on peut penser à Air France, qui l’a été pendant une courte période, ainsi qu’à « Ambiance Bois », un documentaire a d’ailleurs été fait sur cette SAPO, qui s’appelle « Ambiance bois : le travail autrement ».
La structure des SAPO revient à considérer que les travailleurs ont un capital-travail de X% du capital qui donne donc X% des droits de votes qui sont gérés démocratiquement par les employés.
Deuxième grande partie de la conférence : beaucoup de discussions, je n’ai pas tout noté. Ce sont donc plus des notes :
Les SCOP du BTP ont en général l’associariat verouillé a une petite parti de leurs employés.
les nouvelles techniques de managment tel entreprises libérées sous pretexte de mettre la démocratie dans l’entreprise peuvent être utilisées pour aliéner d’autant plus les salariés en leur faisant croire que les décisions de la direction sont les leurs via des techniques de manipulation de groupe.
L’obstacle au développement des SCOP maintenant, c’est l’Etat. Des lois sont passées sous Hollande pour rendre une nouvelle Fralib impossible. L’État a torpillier les procédures de reprises en SCOP et n’envoie plus que des gendarmes. Il veut détruire la comptabilité des SCOP en transformant les parts sociales en dette, ce qui a pour effet d’être au minimum endetté à 100% du capital.
Bref, j’ai trouvé cette conférence très intéressante, et elle m’a fait réfléchir à pas mal d’outils. Je crois que la coopérative intégrale est un horizon à viser, mais pour y arriver il faut passer par une multitude d’initiatives et de scop en tous genres.
Se méfier des coopératives qui ne sont finalement que des systèmes dans lesquels la direction est capturée par un petit groupe de personnes, sans contrôle démocratique.