Italie, loi électorale, les dés sont pipés!

A quelques mois des élections législatives prévues au printemps 2018 Parti Démocrate de Renzi, Forza Italia de Silvio Berlusconi et Lega Nord du xénophobe Matteo Salvini se lient pour une loi électorale taillé sur mesure pour eux et visant à sous-représenter le M5S, première force politique selon les sondages.

D’après la Commission de Venise, organe consultatif du Conseil de l’Europe composé d’experts indépendant en droit constitutionnel il est fortement déconseillé de modifier la loi électorale dans les 12 mois qui précèdent des élections. La raison est évidente, ce serait comme changer les règles d’une compétition sportive pendant que celle-ci a lieu.

Pourtant, c’est ce qui en train d’arriver en Italie, où un parlement dont les membres ont été élus avec une loi déjà déclarée inconstitutionnelle (et également approuvé, fin 2012, à quelques mois des élections) , s’apprêtent à approuver une nouvelle loi, qui met d’accord les partis au gouvernement (PD - Partito Democratico officiellement de centre-gauche mais dans la réalité penchant à droite et la droite du Ministre Alfano) avec la droite de Forza Italia de Silvio Berlusconi et l’extrême droite xénophobe Lega Nord de Matteo Salvini. Cette nouvelle loi elle permettra une nouvelle fois aux coalitions farfelues de peser plus lourds en terme de sièges.

De plus, le gouvernement a « demandé la confiance », une sorte de 49-3 à l’italienne, ainsi aucun amendement sera possible car si le texte n’obtient pas la majorité de voix tel quel, le gouvernement sera considéré déchu. Cela dans un système de « démocratie parlementaire » ou le parlement devrait avoir tout son rôle à jouer.

Dans l’histoire politique italienne, pour retrouver un tel forçage sur une loi électorale, on remonte à l’époque d’un certain Mussolini, qui lui aussi avait imposé son 49-3 sur une loi électorale (Legge Acerbo) qui avait comme but celui de sur-représenter son parti au détriment des autres.

Aujourd’hui cette « grande alliance » se fait contre un mouvement qui, selon les sondages, arriveraient premier aux élections et dont les partis actuellement au pouvoir ont terriblement peur. Il ne s’agit pas du parti d’un condamné pour fraude fiscale (Berlusconi) ni d’un parti xénophobe qui voulait séparer l’Italie en deux et se contente désormais de stigmatiser les migrants, mais du Mouvement 5 Etoiles fondé par l’humoriste Beppe Grillo et dont les élus sont des citoyens.

Le seul média francophone qui relate cette information est une dépêche Reuters qui n’a été reprise par aucun média dans l’hexagone
Le seul média francophone qui relate cette information est une dépêche Reuters qui n’a été reprise par aucun média dans l’hexagone
Le M5S (qui refuse toute alliance) et l’aile plus à gauche des anciens frondeurs du Partito Democratico ont dénoncé cette pratique et invité la population à protester devant Montecitorio, l’assemblée nationale italienne, ou de nombreuses personnes se sont réunies depuis mercredi, mais cela n’a pas empêché le Parti Démocrate d’approuver à l’assemblée la nouvelle loi, avec une majorité obtenue grâce à un bonus de sièges du à l’alliance aux élections précédentes avec le parti de gauche « Sinistra e Libertà », parti duquel le PD s’est vite débarrassé une fois le bonus en sièges obtenu, au lendemain des élections de 2013, pour former une alliance et un gouvernement avec la droite de Silvio Berlusconi et de son fidèle Angelino Alfano.

Il semblerait que les citoyens doivent se résigner à cette idée de démocratie, puisque le Président de la République, élu par ce parlement, ne semble pas intentionné à s’opposer à la signature de cette loi et avant que la Cour Constitutionnelle se prononce sur la constitutionnalité de celle-ci un nouveau parlement (inconstitutionnel?) aura été élu. La Commission de Venise et le Conseil de l’Europe non plus ne semblent pas très réactifs, puisque, sollicités déjà il y a 5 ans sur cette même pratique, ils n’ont jamais donné suite.

Elle est pas belle la démocratie?

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