Bonjour,
Ajoutons un retour d'expérience belge dans le fil de discussion.
La question première, « vivons-nous en démocratie en Belgique ? » est plus que pertinente.
En premier point, le système de coalition et la manière dont les coalition sont constituées a déjà été évoquée. Je suis d'accord avec ce qui a déjà été dit, le système est très opaque et le citoyen n'a pas du tout le droit de regard sur ce qui est décidé, ce sont les partis qui s'en chargent. Précisons : ce sont les états-majors des partis, menés par leurs présidents qui mènent les négociations en vue de la réalisations des coalitions. si j'ai bien compris, les adhérents votent par la suite pour donner leur accord.
Par contre, les campagnes électorales n'ont pas encore été décrites dans ce sujet. Il a été mentionné précédemment qu'il y a plusieurs niveaux de pouvoirs : régional, fédéral, communautaire et européen. Tous ces niveaux de pouvoirs ont des prérogatives différentes (par exemple, la région s'occupe de l'aménagement du territoire, de l'économie,... ; tandis que le communautaire s'occupe de l'enseignement et d'autres choses). Depuis 2014, il a été décidé d'organiser toutes ces élections le même jour. Donc, à moins d'être un expert en politique belge, il est difficile de comprendre les enjeux des élections. Tout le monde s'accorde à dire que c'est extrêmement complexe, c'est presque un sujet de blague mais si c'est compliqué, comment les électeurs peuvent-ils comprendre ?
Conséquence de ce mélange : l'Europe est très rarement le sujet principal des campagnes électorales, alors que les décisions prises à Bruxelles (c'est pas parce que la commission se réunit chez nous qu'on s'en sent plus proche) peuvent avoir un impact considérable sur nos vies ! Quels peuples a donné mandat à l'Europe pour entamer les négociations du CETA et du TAFTA ? Sans même se prononcer sur l'intérêt de ces traités, la réponse est : pas les Belges, en tout cas.
Pour conclure, en Belgique, la démocratie est un rendez-vous, qui a lieu tous les 5 ans. La « Nation » dont tous les pouvoirs émanent, selon notre Constitution (art. 33), donne des voix à des candidats membres de partis politiques. Ils ont préalablement établi un programme. Le jour de l'élection, les électeurs sont obligés d'aller exprimer leurs suffrages. Une fois ceci fait, les partis politiques confisquent le pouvoir pour une durée d'un mandat (sauf si des élections anticipées se produisent - ce n'est d'ailleurs possible qu'au niveau fédéral). Les partis s'arrangent entre eux pour former une coalition. Le programme du gouvernement ainsi constitué est négocié entre les partis, en reprenant les éléments des différents programmes en essayant de ne décevoir personne (quel homme politique accepterait de perdre la face ?).
Tout le monde en Belgique sait que l'élection mènera à l'établissement d'une coalition mais ça ne fait pas partie de la campagne électorale (au pire, un accord pré-electoral secret existe entre plusieurs partis (https://www.rtbf.be/info/belgique/detail_bernard-clerfayt-l-accord-preelectoral-ps-fdf-a-existe?id=8914703)). Aucun parti ne dit au préalable : si nous gouvernons avec X, nous ferons ceci, si nous gouvernons avec Y, nous ferons cela. C'est pour cela qu'au niveau fédéral, par exemple, les politiques appliquées ne peuvent être que de centre-droit (et pro-européenne : peu de partis sont anti-européens en Belgique). Même si le PS participe au gouvernement, il sera en coalition avec un parti du centre ou de droite : c'est couru d'avance et c'est mathématique. L'argument inverse est vrai pour un parti de droite : il sera forcément avec un parti plus à gauche en coalition. Tout ceci a l'air d'avoir été intégré par les partis, qui convergent tous vers le « centre » : pour preuve, la droite comme le centre en Belgique voterait Macron (par « centre », il faut comprendre le « ni de gauche/ni de droite français »).
En ce qui concerne les alternatives, en Wallonie, le PTB (communistes) est régulièrement taxé d'extrémisme et de nombreux partis (Ici la droite mais le PS communique aussi dans ce sens) appelent à ne pas le faire entrer dans les coalitions, quel que soit leur résultat.
À quoi bon aller voter, dans ce cas ? Parce que c'est obligatoire.