Belgique - Vivons-nous en démocratie ?

Bonjour,
Je crée ce petit topic pour vous partager mon expérience sur le système Belge. Je me présente en quelque mots comme vous l’avez deviné, je suis belge, et cela fait maintenant 3 ans que je m’intéresse à la politique, depuis que j’ai l’âge de voter, mais surtout je suis me intéressé à la politique internationale, car en Belgique je trouve notre politique mole et « linéaire », j’expliquerai un peu plus loin pourquoi je pense cela.

Mais depuis le début de la campagne « la démocratie n’est pas un rendez-vous », et la question : « est-ce que nous vivons en démocratie ? », je me suis recentré sur mon petit pays. Pour faire simple, notre système politique est divisé en 3 pouvoirs qui sont indépendants des uns des autres. C’est-à-dire que pour chaque élections nous votons pour chaque pouvoirs, mais au lieu de me lancer dans des explications alambiquées je vous invite à venir lire ceci http://www.eutrio.be/fr/structure-de-letat-federal-belge .

Je trouve le système intéressant, parce ce qu’il permet, je pense, une meilleur représentation de la population, mais là où le bât blesse c’est que le vote n’est pas à mon sens réellement représentatif en Belgique. Je m’explique quand on vote, on ne vote pas comme en France où vous votez pour une personne, nous on vote pour un parti et en plus de cela le vote est obligatoire. Et autres problème selon moi, c’est que ce n’est pas nécessairement le parti qui a le plus de voix qui est au pouvoir, imaginons que la deuxième et troisième partis réunis ont plus de vois que le premier, ils peuvent faire une coalition et mettre le parti qui a gagné les élections dans l’opposition (et à chaque élection cela se produit). Et c’est pour cela à mon selon moi que la politique belge est assommante, parce qu’il n’y a pas de « vraie » campagne avant une élection et tout le reste du manda on oublie les citoyens.

Ce qui m’a amené à me poser la question « est-ce que nous vivons en démocratie , en Belgique ? », parce que beaucoup de monde pense que la démocratie ce n’est « que » voté , hors chez nous le vote n’est pas « vraiment » pris en compte et malgré le faite que le vote soit obligatoire cela ne motive pas les gens a allé voter et le taux d’abstention augmente chaque fois (Vers un nouveau taux d’abstention record ? - La Libre) .

Voilà, je vous remercie de m’avoir lu, je voulais vous faire part de mon ressenti pour espérer avoir un début de réponse à ma question dans le documentaire :wink: .

4 « J'aime »

Si nous partons du principe que la Démocratie c’est le pouvoir au peuple; que le pouvoir est défini par le fait de décider des solutions à apporter aux problématiques sociétales (Problématique environnemental, social et économique);

Et qu’en France on a mis en place comme outil démocratique: un système de vote présidentielle et législatives pour élire des représentants qui sont élus pour leurs promesses. Ces élus sont censés représenter la population;

Nous nous posons comme vous aussi la question suivante: Vivons nous en démocratie? Et pouvons nous aller plus loin dans cette démocratie?

Vu ce que tu nous parles et si tu souhaites une comparaison, le fait que celui qui a obtenu le plus de voix n’est pas élu dans votre pays, car si les autres ont récoltés plus de voix ensemble, peuvent faire une coalition, on peut comprendre un sentiment d’insatisfaction au vu de certains résultats. Une solution pour améliorer votre démocratie (une solution qui serait aussi intéressante chez nous), de faire un système de vote préférentielle. Chaque citoyen pourrait classé les différents partis en fonction de sa préférence (Parti Y en 1; Parti H en 2, Parti O en dernier), et élire le parti qui représente le mieux l’ensemble de la population. Cela permettrait d’avancer vers un système plus satisfaisant.

Mais je pense qu’aujourd’hui, avec nos expériences et nos moyens de technologie et de communication, il est possible de faire beaucoup mieux que cela. Et c’est ce que cherche à montrer Datagueule, ainsi que toutes les personnes sur l’Agora je pense.

Ci joint un organisme en France qui tente de faire bouger les choses au niveau du système de vote:

Leurs phrases introductives:
« Aujourd’hui en France, 0,5% de la population (les partis politiques) désigne les candidats aux élections et élabore les programmes. Pour répondre à ce problème démocratique, LaPrimaire.org organise la 1ère primaire en ligne 100% démocratique et ouverte qui permet aux citoyens de choisir leurs candidat(e)s et de co-construire les projets politiques. Un seul objectif : faire émerger collectivement la meilleure candidature citoyenne pour 2017 »

1 « J'aime »

Ce que je dénonce, ce n’est pas l’idée de créer une coalition, mais c’est la manière. Je m’explique, outre le fait qu’ils en font une a toutes les élections, c’est que la plus parts du temps elles sont un peu farfelue, je vais caricaturer mais c’est comme s’il y avait Mélenchon qui s’alliait Le Pen et le problème dans ce cela c’est qu’on sait très bien qu’ils ne seront jamais d’accord et donc ils passent plus de temps à se mettre d’accord qu’autre chose.

Les coalitions ont aussi une autre conséquence, c’est que avec notre système des trois pouvoirs, les partis qui sont à l’état sont exclus des Régions et Communautés car les autres on fait une coalition pour ces pouvoirs là . Et un dernier exemple, vous savez que en Belgique il y a 2 communautés, les wallons (ceux qui parlent français) et les flamands (ceux qui parlent néerlandais) , et bien sur 4 partis au pouvoir 3 sont flamands Historique: la "suédoise" est le gouvernement fédéral le moins aimé mais... - La Libre.

Mais c’est intéressant ce que tu présentes avec LaPrimaire.org , l’idée me plait beaucoup.

1 « J'aime »

Je suis également belge et moi, j’ai un petit problème avec le système de coalition (cf le « coup » de parti cdH). Je ne comprends pas comment on peut envoyer le parti que le peuple a choisi dans l’opposition ; c’est tout simplement absurde, comment représenter le peuple si on ne respect pas vraiment ses choix ? Aujourd’hui, la politique en Belgique, c’est surtout une affaire de parti, quel parti sera au pouvoir et plus vraiment une question d’idéologie. Comme tu dis, certains partis peuvent s’allier à n’importe qui tant que ça les conduit vers le pouvoir.

2 « J'aime »

Bonjour,

Ajoutons un retour d’expérience belge dans le fil de discussion.

La question première, « vivons-nous en démocratie en Belgique ? » est plus que pertinente.

En premier point, le système de coalition et la manière dont les coalition sont constituées a déjà été évoquée. Je suis d’accord avec ce qui a déjà été dit, le système est très opaque et le citoyen n’a pas du tout le droit de regard sur ce qui est décidé, ce sont les partis qui s’en chargent. Précisons : ce sont les états-majors des partis, menés par leurs présidents qui mènent les négociations en vue de la réalisations des coalitions. si j’ai bien compris, les adhérents votent par la suite pour donner leur accord.

Par contre, les campagnes électorales n’ont pas encore été décrites dans ce sujet. Il a été mentionné précédemment qu’il y a plusieurs niveaux de pouvoirs : régional, fédéral, communautaire et européen. Tous ces niveaux de pouvoirs ont des prérogatives différentes (par exemple, la région s’occupe de l’aménagement du territoire, de l’économie,… ; tandis que le communautaire s’occupe de l’enseignement et d’autres choses). Depuis 2014, il a été décidé d’organiser toutes ces élections le même jour. Donc, à moins d’être un expert en politique belge, il est difficile de comprendre les enjeux des élections. Tout le monde s’accorde à dire que c’est extrêmement complexe, c’est presque un sujet de blague mais si c’est compliqué, comment les électeurs peuvent-ils comprendre ?

Conséquence de ce mélange : l’Europe est très rarement le sujet principal des campagnes électorales, alors que les décisions prises à Bruxelles (c’est pas parce que la commission se réunit chez nous qu’on s’en sent plus proche) peuvent avoir un impact considérable sur nos vies ! Quels peuples a donné mandat à l’Europe pour entamer les négociations du CETA et du TAFTA ? Sans même se prononcer sur l’intérêt de ces traités, la réponse est : pas les Belges, en tout cas.

Pour conclure, en Belgique, la démocratie est un rendez-vous, qui a lieu tous les 5 ans. La « Nation » dont tous les pouvoirs émanent, selon notre Constitution (art. 33), donne des voix à des candidats membres de partis politiques. Ils ont préalablement établi un programme. Le jour de l’élection, les électeurs sont obligés d’aller exprimer leurs suffrages. Une fois ceci fait, les partis politiques confisquent le pouvoir pour une durée d’un mandat (sauf si des élections anticipées se produisent - ce n’est d’ailleurs possible qu’au niveau fédéral). Les partis s’arrangent entre eux pour former une coalition. Le programme du gouvernement ainsi constitué est négocié entre les partis, en reprenant les éléments des différents programmes en essayant de ne décevoir personne (quel homme politique accepterait de perdre la face ?).

Tout le monde en Belgique sait que l’élection mènera à l’établissement d’une coalition mais ça ne fait pas partie de la campagne électorale (au pire, un accord pré-electoral secret existe entre plusieurs partis (https://www.rtbf.be/info/belgique/detail_bernard-clerfayt-l-accord-preelectoral-ps-fdf-a-existe?id=8914703)). Aucun parti ne dit au préalable : si nous gouvernons avec X, nous ferons ceci, si nous gouvernons avec Y, nous ferons cela. C’est pour cela qu’au niveau fédéral, par exemple, les politiques appliquées ne peuvent être que de centre-droit (et pro-européenne : peu de partis sont anti-européens en Belgique). Même si le PS participe au gouvernement, il sera en coalition avec un parti du centre ou de droite : c’est couru d’avance et c’est mathématique. L’argument inverse est vrai pour un parti de droite : il sera forcément avec un parti plus à gauche en coalition. Tout ceci a l’air d’avoir été intégré par les partis, qui convergent tous vers le « centre » : pour preuve, la droite comme le centre en Belgique voterait Macron (par « centre », il faut comprendre le « ni de gauche/ni de droite français »).

En ce qui concerne les alternatives, en Wallonie, le PTB (communistes) est régulièrement taxé d’extrémisme et de nombreux partis (Ici la droite mais le PS communique aussi dans ce sens) appelent à ne pas le faire entrer dans les coalitions, quel que soit leur résultat.

À quoi bon aller voter, dans ce cas ? Parce que c’est obligatoire.

3 « J'aime »

Intéressant ces points de vue belges, merci beaucoup.

D’un point de vue français, moi je serais heureux que PS et LR puissent former une coalition de gouvernement si jamais un parti comme le FN finissait premier. Malheureusement on a un système qui donne maintenant la majorité absolue au parti qui gagne la présidentielle et ça me semble un peu dangereux.

Quand la coalition des partis arrivés 2e et 3e forme la majorité, c’est quand même qu’ensemble ils ont plus d’électeurs que le parti arrivé 1er, ce n’est pas une bonne chose selon vous ? Ça permet à ces deux partis de garder leur identité propre alors que, en France, PS et LR ont été obligés de « fusionner » en un parti unique LREM pour gouverner avec Macron (pardon par cette simplification exagérée), ce qui appauvrit le débat démocratique à mon avis.

J’aimerais bien avoir l’avis de @jcamdr70 sur la question :slight_smile:

1 « J'aime »

Une coalition c’est principalement un compromis négocié, quel qu’en soit le but. De ce point de vue une coalition c’est plutôt positif: des personnes qui affichaient des solutions différentes se mettent à discuter ensemble et à construire une solution plus aboutie et plus à même de les satisfaire toutes, même si pour cela il faut lâcher certains points moins importants. Ce processus est celui qui mène petit à petit à former une majorité. Quand un objet est accepté en votation populaire, c’est qu’il satisfait plus de personnes qu’il n’en frustre. C’est comparable à une coalition majoritaire sur le sujet de votation.

Je suis moins à l’aise avec des coalitions dont les buts sont multiples et à long terme. Les risques d’incompréhensions sont assez grands. Selon moi, les élections doivent être toutes strictement proportionnelles afin de couper court à toute tractation d’électeur et de pouvoir. Si le peuple a certaines sensibilités, il est normal qu’elles soient représentées le plus fidèlement possible au parlement. Les négociations de compromis, c’est à faire indépendamment pour chaque sujet à traiter de façon à laisser la porte ouverte à toutes bonnes idées. C’est pas parce que l’on est pas d’accord sur un sujet que l’on ne peut pas trouver d’accord sur un autre sujet.

Donc, je suis pour des coalitions qui négocient des compromis sur des sujets, mais dubitatif sur des coalitions qui ont pour but de gagner du pouvoir à une élection.

1 « J'aime »