Anarchisme, Démocratie et Autoritarisme

J’ai personnellement toujours chéri la devise française.

« Liberté, Egalité, Fraternité » (« Travaille, Famille, Patrie » nous dirons certains nostalgique, mais je me ferai un plaisir de les ignorer ici puisque tel n’est pas le sujet.) J’aime cette devise puisqu’elle représente les piliers, ou valeurs nécessaires, de la vie en Société et des Droits de l’Homme (ou de l’être humain si l’on souhaite faire preuve d’exactitude).

Or, le système démocratique (ou plutôt « pseudo démocratique » puisqu’il me répugne de le qualifier ainsi mais que cela devrait être développé ailleurs) régnant en France, ou dans tout autre Etat « démocratique » d’ailleurs, se doit de bafouer ceux-ci en partis et de chercher, pour permettre la vie en Société, l’équilibre dans le compromis (l’héritage français ayant jusqu’à récemment put être divisé entre une droite principalement libertaire et un gauche plutôt égalitaire, tout le monde se voulant bien évidement fraternel, en théorie, cela étant l’essence même de l’union en communauté). (Et je ne vous ferai l’affront de démontrer pourquoi la société étatique empêche des états de Liberté et d’Egalité total, ou totaux ? Cela assez mal je le crains, on dira donc total par plaisir de titiller les académiciens en puissance)

C’est de ce constat que viens « ma » théorie, l’idée que le système parfait, mais utopique, serait donc l’anarchie. Offrant liberté maximale et égalité totale (en dehors des critères purement « physique et naturel » de taille, de beauté, de santé… sur lesquels l’Homme ne peut, pour l’instant, encore agir), et se basant donc dans une vision très utopique et « bisounoursesque », une fraternité qui serait totale de même (« I have a dream… »). Je développerai cela sur une analogie simple (simpliste ?) entre le Système Etatique en soi (qu’il soit démocratique, théocratique, autoritaire…) et une serrure.
Imaginons donc un monde idéal et parfait (Imagine - John Lennon (Lyrics) - YouTube), où l’Homme serait donc débarrassé de toute ses haines, conflits, jalousie et autres défauts (tel la paresse ou l’acédie) … Mais également des pathologies pouvant mener à cela (psychopathie, psychose…), bref, un monde parfait quoi. Dans ce monde, les serrures sur les portes deviendraient par essence même inutiles, elles paraissent aujourd’hui banales et normales (j’ai comme le sentiment que ce pléonasme alourdi terriblement le style de mon écris… Tout comme ma tendance démesurée à céder à mes tendances prolixes avec un style terriblement hyperhyotaxique), mais traduisent au final la peur de son prochain, la crainte du vol/pillage de ses biens, du viol de son intimité, etc… Il en serait de même pour le système étatique, qui possède, pour rappel, 3 fonctions régaliennes :

  • Garantir la sécurité, intérieure comme extérieure (Armée/Justice), rendu obsolète par l’essence même de l’utopie
  • Garantir la pérennité du système monétaire (En frappant la monnaie principalement), rendu de même obsolète par la capacité à chacun d’être « travailleur » et terriblement « parfait »
  • Garantir le budget de l’Etat (levée d’impôt, gestion de la dette y tou y tou), encore rendu obsolète par l’annulation des deux premiers

Voilà donc, selon moi, et au plus cours que je le puisse (faux mais c’est ma manière de m’excuser de paver ainsi), pourquoi l’anarchie semble le système idéal dans un monde parfait, démonstration ne présentant… absolument aucun intérêt en dehors de la beauté onanique, intellectuellement parlant, de la chose. Mais donc là où je souhaite en venir part du constat de l’imperfection du monde et donc de l’impossibilité d’application de ce « système idéal », qui serait un enfer à vivre s’il était vrai (je laisse votre imaginaire faire le taf à la place d’une longue démonstration plus qu’inutile), pour aller en direction du fait que cette recherche du meilleur des systèmes possible (ou plutôt du moins pire, RPZ Churchill, toi-même tu sais) semble passer nécessairement dans la recherche d’équilibre et de compromis (qui ne satisfont donc jamais pleinement tous, puisque sont des compromis…) et donc d’utiliser le système démocratique.

Mais c’est là que je me heurte à un blocage, de mon point de vue, argumentatif. Pourquoi la démocratie ?
Le meilleur des mondes est impossible, c’est acquis (admis plutôt), et donc l’anarchie (que je pense le meilleur des systèmes, mais donc sujet à débat) de même. Ainsi, il nous faut un système « de remplacement » (le chaos pur étant certes attirant, mais personnellement je pense qu’on est mieux de le garder pour la fin celui-là), et après des millions d’années d’évolution sa logique (plus ou moins douteuse tout de même) tends à pousser l’Homme dans les bras de la Démocratie, présentée comme « le moins pire » des systèmes car justement faites (en théorie) d’équilibre et de compromis décidés par le peuple (je ne vais pas répéter « en théorie » à chaque fois, je pense que chacun a compris l’exécration que j’ai pour le Système en place…), la majorité s’entend. Et c’est là que l’interrogation se fait, quel(s) argument(s) pourrai(en)t par exemple écarter l’Autoritarisme d’un tyran éclairé, ou d’un conseil de « Sages », tel qu’Aristoclès (Platon pour les intimes) rêvait sa Société parfaites dirigés par des philosophes. Avoir donc un système qui, à défaut de pouvoir respecter totalement les principes de Liberté et d’Egalité choisirait de ne faire aucun compromis et de n’absolument pas les respecter (mais en allant au bout de la méritocratie) pour avoir par contre un système fonctionnel qui arriverai à rendre tous « heureux » (quoique puisse dire ce mot…) ?

Donc : pourquoi la Démocratie ? La réponse semble toujours être dite évidente, mais il peut être intéressant d’y répondre avant même d’étudier ce qu’est la Démocratie et ce qu’est même « la nôtre ».

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Je me lance avec une proposition très générique:

Pour que chaque individu puisse communiquer ses besoins envers la communauté et que la communauté puisse répondre aux besoins communs de la plupart des individus qui la compose avec des solutions qui sont d’autant plus efficaces qu’elles sont à l’échelle de la communauté plutôt qu’à l’échelle individuelle.

L’anarchie n’est pas vraiment une organisation qui empêche justice, « police » ou « armée ». Les expériences centenaires de certains peuples dit anarchiques (peut être je me trompe) comme les inuits ou les papoues ne se font pas dans bisounoursland. Les expériences anarchistes au Mexique, sous Makhno en Ukraine, ou Durrutti en Catalogne se sont faites avec des milices (des armées mêmes s’ils n’aimaient pas ce nom). J’y reviendrais.
Ils ont aussi des soucis de gens qui ne respectent pas les règles communes. L’anarchie c’est l’absence de pouvoir constitutionnel ou étatique. Autrement dit personne a de mandat pour être le leader pendant x temps et on ne peut rien contre ça. En anarchie, même si vous avez une fonction, vous pouvez la perdre à tout moment (cf plus loin). Les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire s’exercent. Ils n’ont juste pas d’institutions pérennes, actées par des textes. Ainsi, il n’est pas étonnant de concevoir que pour telle affaire, « y » est nommé juge responsable du déroulement du procès, « v,w,x et z » jurés. Le procès d’après ce seront des gens différents qui auront ce rôle (ou les mêmes si les gens veulent donner ces rôles aux mêmes).
Donc en anarchie tu peux avoir l’émergence de pouvoir temporaire pour le besoin : il y a des généraux Makhno ou Durrutti en sont. Ils sont par contre élu, et contrairement à un général dans nos armés, ils auraient pu perdre leur commandement n’importe quand si leurs « soldats » en nomm un autre. Ces généraux n’ont pas d’avantage concret (pas de meilleurs nourritures, salaires, conditions) par statut. Autant te dire que ce n’est pas la course pour avoir les responsabilités.

Il en va de même pour le judiciaire sauf si la communauté est assez petite. Pour le pouvoir législatif, idem, de ce que j’ai lu et entendu (qu’on me reprenne si je me trompe), ce sont des congrès où on envoie un délégué qui est secondé par 2 ou 3 personnes. Le délégué est le seul à parler, les 2 ou 3 autres ne sont là que pour vérifier que le délégué respecte sa feuille de route donné par la congrégation. Autrement il est démis de ses fonctions.

On peut citer les organisations dans les sociétés de productions : On établissait la production, les conditions de travail, etc. ensemble. Puis on nommait une personne qui avait pour devoir de chapeauter le tout pour qu’on y arrive. Le « patron » n’était pas mieux payé que les salariés, et pouvait devenir salarié la semaine d’après (et un nouveau « patron » prenait sa place).

Bref, des pouvoirs temporaires apparaissent, la morale demeure, l’ordre existe. On peut même accepter l’existence de texte de loi, tant que ceci ne touche pas à certaines choses comme organiser la Société et le pouvoir. C’est ainsi qu’on interdit l’argent en Catalogne.

Pour ce qui est de l’autoritarisme, qu’elle soit dictatoriale ou aristocratique (dans laquelle je range la République, dont la notre), c’est qu’elle a toujours tendance à faire un moule dont sortiront les élites. Que ce moule est un frein à l’émergence de nouvelles idées, d’adaptation, de tentative d’aller à l’utopie ou de revenir à un état plus stable. L’élite ne cherche au bout d’un moment qu’à se maintenir et conserver sa place. Ce sont toujours les guerres dont celles qui ont renversé le pouvoir en place un certains moments, qui remettent les compteurs à zéro jusqu’à l’émergence d’une nouvelle tendance.
Ainsi même le gouvernement d’Aristote, de philosophe, ces gens seraient rentré dans cette phase encroutée, où serait jugé philosophe que seul ceux qui pensent comme les « philosophes » au pouvoir, et donc la politique n’aurait pas avancé.

En exemple de cela, je citerai l’économie, où on conteste systématiquement le diplôme de docteur en économie à tout économiste (dûment diplômé) par le simple fait qu’il soit du côté des atterrés. Thomas Porchet en a fait l’expérience récemment. Et ironiquement par quelqu’un qui, de mémoire, n’a pas son diplôme et est un « autodidacte » (ce qui peut être valable).

Donc je suis contre toute autoritarisme pour cette raison. Elle aurait une raison d’être temporairement pour résoudre un problème donné : une guerre ou une crise sérieuse. Mais si elle dure, elle dégénère et s’encroute.

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Bonjour, pour moi aussi ce n’est pas un système utopique mais des systèmes qui ont déjà existés et qui se sont développés, certains on abolit l’argent, pour certains c’était chacun avec se possibilités, chacun selon ses besoins. Aujourd’hui encore vous pouvez retrouver des villages anarchistes ou des organisations anarchiste de par le monde comme à Marinaleda en Espagne ou avec l’armée zapatiste de libération au Mexique… Regardez les reportages d’Arte sur l’anarchisme intitulés « ni dieux ni maitres une histoire de l’anarchisme » et encore « un autre futur » sur les anarchies espagnoles cela vous montrera que tout cela n’est pas bisounouresque ou utopiste mais que cela à déjà existé, existe encore et existera encore d’ailleurs :slight_smile:

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bonjour,
Je recommande le même documentaire que toi @laurentg « ni dieux ni maitres, une histoire de l’anarchisme » qui permet de resituer le mouvement anarchiste dans l’histoire.
J’aime bien le titre de la discussion : « Anarchisme, démocratie et autoritarisme ».
Pour moi, l’anarchisme c’est avant tout la critique systématique de toute forme de pouvoir (et des dominations et oppressions qu’il engendre). Les anarchistes, dans une société, seront ceux qui les premiers réagirons face aux dérives autoritaires (et par réaction, les premières victimes d’un pouvoir qui commencerait à tanguer vers l’autoritarisme, cf documentaire sur la réaction des communistes).
L’autoritarisme serait sur cet axe le pôle opposé, avec des personnes qui ont une vision verticale et un besoin fort de structure hiérarchique. Je suis moins à l’aise avec ce type de pensée et j’aurais bien du mal à défendre ce point de vue, disons qu’un des points forts serait une certaine forme d’efficacité (au moins temporelle). Par exemple, une rapidité dans la prise de décision et dans leur mise en application (sans rapport avec le fait que la décision prise soit bonne/morale, mais elle est prise et appliquée).
Du coup, la démocratie est quelque chose à trouver entre ces 2 tendances (plus proche de l’anarchisme possible, selon moi). Et quelque soit le système trouvé, il y aura toujours des groupes humains qui se polariserons selon ses 2 pôles. Il y aura toujours des personnes pour faire des critiques systématiques du pouvoir et des mécaniques de domination, et il y aura toujours des groupes d’influences qui se structurerons pour se l’approprier.
Mine de rien les penseurs anarchistes ont fait couler beaucoup d’encre sur la forme de société vers laquelle ils tendent et je pense qu’ils font partie de ceux qui ont le plus réfléchit à la mise en place d’une démocratie réelle, dans le sens d’une organisation de société qui éviterais au maximum de concentrer les pouvoirs (cf documentaire). Les balayer d’un revers de la main en considérant que ce sont des extrémistes dangereux (ou inversement une utopie bisounours) est un peu facile et pas très honnête intellectuellement. (j’accuse personne ici de faire cela, mais c’est les 2 réactions les plus systématiques quand on commence à parler d’anarchisme).
Après, j’ai pas dit qu’instaurer une société anarchiste du jour au lendemain était facile non plus :slight_smile: (d’autant plus que par définition une société qui serait anarchiste aurait la nécessité de sans cesse redéfinir son fonctionnement). Mais prendre conscience de cet axe et agir dans le sens de démocratiser une société, c’est fondamentalement se rapprocher du ‹ pôle anarchiste › et s’éloigner du ‹ pôle autoritariste ›. Personnellement je trouve que c’est La bonne chose à faire, c’est une des raisons pour laquelle j’ai soutenue le projet #datagueule sur ce documentaire. Réfléchir à ce qu’est la démocratie, à ce que l’on veut en commun comme structure de société, finalement c’est très anarchiste.

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