Vers une Europe démocratique ?

Parmi les défauts de la construction européenne, l’absence d’un rapport démocratique au peuple reste une question à régler : vers un fédéralisme démocratique, ou bien la démocratie peut-elle se régler par le biais des états ?

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Il me semble qu’une question importante à poser concernant la viabilité d’une démocratie est l’échelle. En effet, on se représente aisément une démocratie active et riche en interactions au sein de la cité rêvée, mais cela est bien moins évident lorsqu’on passe à l’échelle d’une région, jusqu’à devenir impossible au niveau de l’UE actuelle.

Je crois que même si on partait de l’échelle de la France, par exemple, la démocratie resterait à peu près aussi moribonde qu’aujourd’hui. Dès lors, un fédéralisme européen serait intéressant, s’il est un vrai fédéralisme : favoriser la coopération entre les peuples tout en leur accordant l’autonomie dont ils ont besoin. Il faut d’ailleurs dire à cet égard que tout n’est pas à jeter dans l’UE actuelle : elle fait beaucoup pour les langues régionales, là où la France nuit beaucoup à celles-ci.

Pour revenir sur l’échelle, j’opterais pour les régions « historiques », mais on peut également penser à un système à trois niveaux : municipal, régional et fédéral. Avec par exemple au niveau municipal un système de délégués, au niveau régional des représentants révocables, et au niveau fédéral des délégués envoyés par chaque région traitant de sujet, échangeant, suggérant à d’autres de mener tel ou tel projet, sans passer par un parlement où tout passe à la majorité. On pourrait envisager des réunions spéciales de toutes les régions pour les propositions nécessitant que tous les aodptent.

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Bonjour,
Pourquoi pas une Europe fédérale?
Ce que tu proposes me plaît bien et je suis favorable aux langues régionales…mais je me dis qu’une langue commune est indispensable pour penser, concevoir, proposer et voter des « lois ». Et il me semble que lorsqu’on constitue quelque chose de nouveau il est bien que tout le monde reparte de « zéro »…afin que chacun s’engage réellement. C’est pourquoi, l’anglais c’est bien, mais je me dis que l’Esperanto serait mieux…non?

Au passage si ça en botte certain, ça s’apprend vite et gratuitement:

C’est un peu, encore et toujours de l’utopie…mais bon tout commence par une utopie…

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Pour en avoir souvent parlé avec des amis, je ne peux qu’être d’accord avec toi sur la nécessité d’une langue commune ! L’anglais comme toute autre langue est porteur par son lexique et ses usages de certaines idées et impose certaines normes dans le débat. Et cet apprentissage d’une langue commune n’empêche pas le bilinguisme ! Bilinguisme qui est même très positif pour mieux maîtriser les langues et qui enrichit sur le plan de la réflexion.

Après, le problème avec l’esperanto : il faudrait une vraie volonté politique. On pourrait imaginer un apprentissage de l’esperanto dès le primaire? En parallèle avec sa langue régionale? L’idée me semble intéressante, je n’ai jamais vraiment réfléchi à l’idée

Bonjour,

Parmi les défauts de la construction européenne j’inclurai le manque cruelle de communication. En effet l’Europe est présente presque tous les domaines: industrie, santé, alimentation, agriculture, etc.

Mais que sait-on des impacts des traités qu’ils passent? des normes qu’ils mettent en place?

Ne pourrais-t-on pas imaginé une plateforme d’information présentant tous les projets en cours de l’Europe avec une explication claire de la problématique, des enjeux et des solutions envisagées?

Et pourquoi pas poussé le vis jusqu’à une plateforme où chacun pourrait interagir sur les sujets qui lui tiens à cœur et proposé des idées? Et pourquoi pas en plus d’interagir voté? L’intelligence collective!

Je parle des paysans qui pourraient voter sur les normes auxquels ils sont confrontés tous les jours, aux produits qu’on leurs oblige à utiliser.

Je parle des citoyens engagés qui voudrait défendre leurs valeurs et pas subir des décisions bien trop influencés par les lobbys et industrie.

Ne serait-ce pas ça un démocratie européenne?

Partout dans le monde, l’imaginaire démocratique se renouvelle. En Europe, le municipalisme (Murray Bookchin) naissant laisse entrevoir la possibilité d’une montée en puissance et en légitimité du pouvoir citoyen à l’échelle des villes. Ainsi s’expérimentent de multiples façons d’inviter le citoyen - membre de la Cité - à la décision en dehors des traditionnelles élections. L’Espagne en est un bon exemple avec Barcelone, mais aussi l’Italie avec Naples, ou encore en France à Grenoble. C’est donc, selon nous, à l’échelle locale, à l’échelle des villes, que se pratiquent et s’observent les démarches les plus innovantes. Elles forment un réseau de voies pour accéder à la démocratie et permettre à chacun de faire entendre sa voix. L’Europe démocratique de demain sera sûrement celle d’un réseau de villes.#FearlessCities#VillesEnTransition

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Je suis d’accord sur la démocratie participative a l’échelle locale qui est à développer le plus rapidement possible pour sensibiliser et impliquer de nouveau les citoyens dans l’amélioration de son environnement.

Mais les grandes décisions et les axes d’évolutions des politiques que les villes devront mettre en œuvre sont prises à Bruxelles et peu d’informations nous parvient alors que ce sont les choix que nous allons subir/vivre.

Ne pensez-vous pas?

Effectivement la gouvernance européenne actuelle repose sur la technocratie, les peuples des pays membres n’ont quasiment aucun pouvoir (ne peuvent s’appuyer que sur les promesses des élus nationaux, et quand bien même ceux-ci ont un pouvoir restreint).

Le problème d’une gouvernance démocratique se posera donc à l’échelle européenne, surtout si l’on souhaite un réel fédéralisme. Je pense que le numérique pourrait nous permettre d’aider les choses.

Le fédéralisme n’empêche pas plusieurs régions linguistiques, la Suisse le démontre depuis bien longtemps. Une langue commune ne peut être que l’aboutissement d’un long processus sur plusieurs générations. Bien qu’en partie souhaitable seulement (perte culturelle), c’est bien trop long par rapport aux changements politiques qui sont nécessaires pour s’adapter à la réalité d’un monde qui change de plus en plus vite. Et puis attention à ne pas exclure de la politique un groupe parce qu’il n’a pas eu l’occasion d’apprendre cette langue commune assez tôt.

[quote=« Camille_et_Thomas, post:6, topic:802, full:true »]
Partout dans le monde, l’imaginaire démocratique se renouvelle.[/quote]

Au risque de vous décevoir, ce n’est pas la cas là où la démocratie fonctionne déjà assez bien. En Suisse, la vaste majorité des citoyens sont très contents de leur système politique et prennent de plus en plus en grippe la Communauté Européenne qui cherche par tout les moyens à casser tout ce système avec des accords cadres institutionnels qui sont en complète contradiction avec la souveraineté du peuple Suisse.

Cela dit, le côté positif de votre démarche, que je soutiens pleinement, est que l’on peut rêver d’une Communauté Européenne qui aurait un système politique tellement bien que même les Suisses se laisseraient convaincre. J’ai bien dit rêver, car sur le court ou moyen terme les discours en haut lieu ne vont pas du tout dans cette direction, bien au contraire: Après l’austérité imposées dans plusieurs pays et le Brexit, l’heure semble à la veille des premières sanctions contre les pays membres qui tenteraient d’avoir une politique qui leur est propre sur les sujets les plus sensibles.

Je n’ai jamais dit le contraire concernant le fédéralisme et les langues régionales, voire même j’allais dans ce sens également puisque j’admets que l’UE fait bien plus pour les langues régionales que la France. :slight_smile:

Ta réflexion concernant la création d’une langue commune est en effet importante, et il est vrai qu’on a tendance à négliger la durée du processus, et le fait qu’il ne soit pas purement institutionnel. Après pour peu que cette langue commune soit apprise à l’école, comme l’anglais actuellement, en parallèle de la langue régionale, il suffirait je crois que la population soit pour cette union des états européens (et donc que l’UE soit suffisament démocratique). Non? Quels obstacles y vois-tu, outre ceux que tu soulèves?

Je ne sais pas par contre si la Suisse est un bon exemple : elle a laissé tomber la majorité de ses langues régionales pour apprendre d’autres langues normalisés proches. Donc la Suisse est intéressante, mais c’est un exemple très imparfait, je trouve.

NB : tout ça pose la question de la norme dans la langue, et de ce que l’on est prêt à perdre sur la langue d’un village pour se comprendre à l’échelle d’une région, donc je me doute que c’est un débat sans fin. Après, je crois que la Suisse, comme le Canada, auraient pu se permettre de valoriser leurs différences linguistiques vis à vis du français moderne, ce qui n’est pas toujours évident (on ridiculise beaucoup les langues régionales tout en valorisant l’idiome dominant voisin, comme le gallo par rapport au français).

Bruxelles ne décide pas de tout, je suis très méfiant vis à vis de la construction européenne actuelle mais de nombreuses compétences utiles à l’échelle de la ville ne dépendent pas de la commission.

Cependant, je crois également qu’il faut donner plus d’importance aux villes, tout en organisant la coopération entre celles-ci à un niveau plus large (je suis assez porté vers le municipalisme libertaire, également). Il faudrait je crois un système politique à trois échelles : municipal, régional, fédéral, avec un rôle plus de coordination et très libre au niveau fédéral, de gestion du territoire et de l’organisation au niveau municipal, et d’élaboration de lois / gestion affaires étrangères / monétaire (en partie) au niveau régional.

Non, je n’ai pas vraiment d’autres arguments significatifs. Mon point était que c’est difficile d’envisager d’abord une langue commune comme prérequis pour une amélioration politique, mais je pense que tu l’as bien compris.

L’idée que la Suisse a laissé tomber ses langues régionales me choque. Oui, les différents dialectes d’une seule vallée ont disparus de l’usage commun, comme quasiment partout pour des raisons très pragmatique d’éducation, d’échanges et de mobilités. Mais combien de pays (en particulier aussi petit) ont 4 langues nationales ? Comment classer les différents schweizerdeutschs qui trouvent leurs racines plus dans les dialectes locaux ? Que dire du romanche dans lequel tout les textes officiels sont traduits ? SI la Suisse est si imparfaite, de meilleurs exemples devraient être faciles à citer. La France peut-être avec ses territoires d’outre-mer ?

Je ne sais pas qui ridiculise les langues régionales. Les frictions que j’observe en Suisse sont liées d’une part au fait que les schweizerdeutschs ne sont pas des langues écrites formelles et donc quasi impossible à apprendre à l’école: ça s’apprend par immersion et cela pose une difficulté majeure. Symétriquement, le bon allemand germanique est trop peu utilisé en Suisse pour être une bonne motivation dans les écoles francophones. Cette difficulté d’apprentissage d’une autre langue nationale fait régulièrement l’objet de votation un peu partout dans le pays pour tenter de trouver des solutions, c’est un sujet d’actualité qui n’a rien d’un sujet oublié.

A noter que l’anglais prend naturellement une place de plus en plus importante en particulier dans la nouvelle génération depuis qu’il est enseigné presque partout depuis l’age d’environ 10 à 12 ans. Il m’arrive régulièrement de passer à l’anglais après un « Grüezi mitenand » et cela pose rarement un problème. C’est pragmatique, efficace, et sans dirigisme.

Nous sommes d’accord concernant l’idée de la langue commune alors. ^^

« Laisser tomber » peut paraître fort, dans la mesure où j’insiste bien sur le fait que la France ne fait pas mieux avec ses langues régionales. Elle fait meme pire puisqu’elle oeuvre parfois à les enterrer du mieux qu’elle peut (en témoigne le refus du parlement de ratifier la charte des langues et cultures régionales européenne…). Cependant, je crois que la Suisse demeure également critiquable sur ce point, bien que sans doute moins « fautive » que beaucoup d’autres pays (je ne veux pas etre offensant, seulement remettre en question certains fonctionnements qui pourraient etre entre mieux :slight_smile: )

Pour mieux exprimer mon point, je vais faire simple : il est clair qu’à une certaine échelle, il y a ce besoin pragmatique dont je parlais et que tu abordes de nouveau de normalisation afin de ce comprendre à une certaine échelle, débat sans fin je le reconnais (de nouveau!). Cependant, là où je crois la Suisse aurait pu faire mieux, c’est que je ne crois pas qu’elle se soit basé sur une de ses langues d’oîl régionales pour effectuer cette normalisation, mais plutôt sur le français (qui est une langue bien différence). Je reconnaitrai mon erreur si tu me dis que ce n’est pas le cas, mais c’est ce que m’ont déjà affirmé une amie suisse ainsi que ma chère et tendre, qui s’intéresse de très près aux langues régionales en Europe.

Concernant ensuite l’anglais… Naturel, je ne sais pas si le mot est très heureux, puisque son utilisation de plus en plus importante est très certainement liée à notre environnement qui en regorge. Et je dis ça sans animosité aucune pour cette langue, étant très fortement imprégné moi-meme de la culture et de la langue anglaises. Seulement, une langue transporte certaines idées, certains concepts, et facilite certains cheminements de l’esprit, et il me semble ainsi important de s’arreter un moment et de réfléchir à ce que transporte l’anglais.

Je pense notamment que la politique actuelle de la commission européenne se retrouve assez bien dans cette langue, mais peut-etre que je m’aventure trop loin.

Une critique top étendue risque de mettre une construction positive en échec, car il est pratiquement impossible d’être parfait.

Sur les 4 langues nationale Suisse, la normalisation du français est peut-être le seul exemple qui va dans ton sens. En ce qui concerne les 3 autres, le schweizerdeutsch, l’italien et le romanche, je ne vois pas comment protéger encore plus les régions concernées (seul l’italien et le français sont utilisés officiellement ailleurs qu’en Suisse). Mais pour revenir à la langue française en Suisse il faut tenir compte de l’invasion Française et de la constitution de la République Helvétique faite à Paris (oui, oui). Histoire de la Suisse sous domination française — Wikipédia
C’est historiquement à ce moment que la Suisse a cessé d’être officiellement uniquement germanique (schweizerdeutsch). Donc oui la Suisse aurait pu faire plus avant l’invasion Française. Merci du détail historique datant de 2 siècles.

Plus d’informations dans les point 7 et 8 de cette url: http://www.atelierdeslangues.ch/