Un document exceptionnel sur les théories révolutionnaires d'Emmanuel Sieyes

C’est en pleine lecture des « Principes du gouvernement représentatif » de Bernard Manin que nous avons déniché cette perle d’histoire des idées : « Emmanuel Sieyes, Benjamin Constant et le « gouvernement des modernes ». Contribution à l’histoire du concept de représentation politique » de Pasquale Pasquino.

En se plongeant dans des archives pour certaines inédites d’Emmanuel Sieyes, un des grands théoriciens de la République post-révolutionnaire, Pasquino renoue les fils d’une pensée bien moins « démocratique » qu’il n’y paraît : Sieyes, auteur de « Qu’est-ce que le Tiers Etat » considère ainsi que le peuple ne peut exercer directement le pouvoir faute de temps, là où les Athéniens en disposaient grâce à l’esclavage ! Dans ses textes, le gouvernement représentatif n’est au final qu’une déclinaison pour la chose publique … de la division du travail !

En accès libre grâce à l’excellente plateforme Persée.fr, cet article nous a bien remué et stimulera sans doute les passionnés d’histoire de la pensée et les curieux de la fabrique de la République moderne.

http://www.persee.fr/doc/rfsp_0035-2950_1987_num_37_2_411602

Si vous vous y plongez, remontez donc nous raconter sur le pont ce que vous a inspiré ce texte !

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D’une façon générale, ce n’est pas seulement les occupations professionnelles qui limitent le temps consacré à la politique par la plupart des citoyens. Il y a aussi les occupations familiales, les occupations personnelles et tout simplement l’intérêt à la politique. Qu’importe en fait, mais ce qui reste important c’est que les représentations pour légiférer des textes n’impliquent pas automatiquement des représentations pour voter l’adoption des textes. Si négocier des texte avec les différentes orientations politiques prend effectivement du temps, voter sur les versions finales des textes est beaucoup plus rapide. Il n’y donc pas vraiment de justification aux représentations des votes d’adoptions des textes. Les votations populaires pour adopter des textes ne sont donc pas en contradiction avec les représentations pour concevoir les textes. Cela introduit même une intéressante subtilité: les représentants ont dans ce cas non seulement la mission de négocier les textes, mais aussi d’argumenter leur recommandations de vote aux citoyens, ce qui contribue à la qualité de leurs travaux et à l’information du peuple.

J’ajouterai que le fait que les représentations ont pour mission de négocier des textes pour leurs adoptions par le peuple n’est pas non plus en contradiction avec la possibilité que des initiatives populaires proposent également des textes pour leurs adoptions par le peuple. La concurrence des deux processus a la qualité de déjouer efficacement de possibles manipulations par les parties ou les lobbys. Il renforce les échanges entre les personnes intéressées par la politique mais qui ne sont pas des représentants.