En réalité au niveau du contrôle des grands groupes effectivement il faut faire attention, mais dans les deux sens. C'est à dire qu'un journal ne contrôle évidemment pas le travail de chaque journaliste et chaque article au mot près, mais il y a un contrôle qui en réalité est diffus.
Il se fait tout d'abord par une autocensure, qui n'est pas forcément volontaire de la part du journaliste qui voudrait "cacher des informations". Prenons l'exemple récent de la condamnation de Serge Dassault : difficile d'imaginer ce propriétaire dicter directement au rédac chef du Figaro quoi écrire dans l'article. Pourtant, le journaliste qui écrit l'article sait que S. Dassault est son 'patron' et il va de lui-même mettre en avant les éléments en faveur de la défense. C'est presque involontaire, donc dire que les médias sont contrôlés par peu de personnes ne veut surtout pas dire que les journalistes feraient mal leur job, c'est souvent involontaire voire malgré eux.
Une autre forme de ce contrôle diffus, involontaire, ce sont les sources. Si un journaliste travaille dans une rédaction A, il n'aura pas les mêmes sources à disposition que s'il travaille dans une rédaction B. Ces sources sont mises à disposition en grande partie par le média lui-même, et le journaliste sera ainsi orienté via ces sources, sans pour autant le faire volontairement ni qu'il n'y ai une quelconque négligence de sa part. Evidemment, c'est là encore difficile à mesurer.
Quant au sens critique, c'est selon moi un autre débat. @c.viallis Tu dis par exemple que seuls Mediapart, Elise Lucet et les journaux indépendants font leur boulot correctement. Or, pour bon nombre de personnes, ceux que tu as cité sont considérés comme des "gauchos" ou autres adjectifs pas vraiment valorisant. Tu aura beau écrire un article parfaitement détaillé, documenté, avec des sources fiables, il y aura toujours des gens pour remettre cela en cause car ça ne va pas dans leur courant de pensée.
Et pour finir, évidemment les journaux sont heurtés au problème du financement. Ils doivent vendre et tirent une grande partie de leurs revenus de la publicité. Cette première contrainte favorise les articles qui fonctionnent sur les sentiments, des titres vendeurs aguicheurs. Quant à la deuxième, elle favorise la position des grandes marques qui peuvent se payer ces publicités, puisque froisser ses annonceurs c'est mettre la clé sous la porte pour de nombreux journaux.