Grégoire Chamayou, Les chasses à l'Homme

Bonsoir tout le monde.
Petit conseil de lecture ; un livre qui pense l’application du pouvoir en tant que chasse à l’Homme (complétant de ce fait la notion de pouvoir pastoral, du berger à son troupeau, de Foucault). La démocratie serait-elle entre autres la fin de tout processus relevant de cette « chasse » millénaire aux variantes multiples ?

https://www.cairn.info/les-chasses-a-l-homme--9782358720052.htm

oui j’aime bien cairn

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Justement je n’en suis pas sûr, cela dépendrait du mode de réalisation de la démocratie et de son étendue dans la société civile.
Si c’est par une volonté de toujours plus d’égalité entre les citoyens, alors il pourrait y avoir une chasse à celui ou celle qui n’est l’égal des autres dans ces capacités, (par exemple par son intelligence) ou dans sa vision du monde (par exemple manger de la viande alors que tout le monde est végétarien, si un tel monde est possible) . Une volonté de cette sorte serait idéologique, métaphysique et morale et ne serait en prise avec les besoins de chacun.
Par contre si la démocratie se traduit par la volonté de compréhension de chacun, son analyse et la délibération qui s’en suit alors oui il n’y aurait plus de chasse, du moins en politique. Le reste dépendrait du monde économique.

Je pense que l’économie fait partie de la politique en tant qu’elle organise la société, quand à l’égalité : peut-on vraiment la vouloir sans vouloir l’entente ? À ce sujet la pensée de Jürgen Habermas est plutôt intéressante (en gros l’entente nécessite une égalité, et même la finalité de l’égalité serait l’entente), sans parler de l’importance de la fraternité et de la solidarité dans les mouvements égalitaires (ou en tout cas dans leur base populaire).

Bon malheureusement, ce que propose Habermas ne correspond en rien à ce que je veux dire.
Car son propos est totalement abstrait et n’a aucun sens avec ce qui peut se passer réellement.
« Vouloir l’égalité » , c’est vouloir quelque chose qui n’existe pas en soi: elle nécessite le jugement d’autrui (il faut en effet savoir si on est égaux ou pas). « Vouloir l’égalité » signifierait juger l’autre et lui imposer/demander la rectification des différences (cela peut se faire par l’entente). Ce qui se passerai de manière plus pragmatique serait l’imposition de celui qui a le plus de pouvoir: le plus grand nombre (dans ce genre de système), ou pression sociale comme vous voulez: C’est la tyrannie du plus grand nombre.

Par contre, « la volonté de compréhension de chacun (*de ceux qui veulent s’exprimer), son analyse et la délibération qui s’en suit » ne nécessite rien d’abstrait: peut-être que cela mènera à l’égalité , la fraternité, la solidarité mais ce n’est pas ça qui est voulu en premier lieu.
Cette différence est assez fondamentale et tous les adversaires de la démocratie ne parlent souvent que de celle de la première partie, où il y a bien chasse à l’Homme.

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