Démocratie et sécurité

Je lance ça comme une bouteille à la mer, et pour vous rappeler que nous sommes en état d’urgence depuis le 13 novembre 2015 sous le prétexte que la puissance publique doit veiller à notre sûreté (article 2 de la DDHC)

Alors petit rappel quand même en 1789, la sûreté ce n’était pas de savoir si on peut protéger notre intégrité physique de la naissance à la mort (naturelle bien entendue) car il y avait de grandes chances que ça ne soit pas le cas, mais il s’agissait plus d’une sûreté vis à vis de la puissance publique en fait, sur ce point un petit article deMaître EOLAS chacun son avis sur le personnage mais je trouve que l’explication est intéressante (à noté que l’article est antérieur à l’état d’urgence).

Pour vous quel est le type de sécurité qui devrait être garanti dans une démocratie?

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Bon je mets ça là… http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2017/06/07/le-gouvernement-compte-faire-entrer-l-etat-d-urgence-dans-le-droit-commun_5140018_1653578.html

avec un peu plus de détail mais sans aucune source officielle… L'état d'urgence bientôt intégré au droit commun ?

Difficile de défendre que ce n’est pas une étape supplémentaire dans la direction des contrôles qui existent ou ont existé dans des régimes décriés pour cela. Je ne suis pas très à l’aise avec ce type de mesure, mais pragmatiquement, vu le nombre de pays qui ont tentés d’agir contre les problèmes sécuritaires et qui convergent vers des types de solutions similaires, je dois peut-être me résigner au fait que l’on a pour l’instant pas trouver mieux. Défaitisme ou utopie ?

On ne trouvera jamais mieux si les moyens humains ne sont pas mis en place… Ca ne sert à rien de faire une loi si on n’a pas les moyens de la mettre en application, ça me fait penser à ça (La DGSI signe un contrat avec Palantir, une start-up financée par la CIA | Les Echos)
Ainsi, pas de moyen humain pas de solution

Par ailleurs, l’état d’urgence n’est utile que dans l’urgence, ce qui n’est plus le cas depuis plus d’un an maintenant.

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Sans doute un sujet qui pendra de plus en plus d’importance… surtout avec cet article que vous avez mis.
La phrase des droits de l’homme qui m’a le plus marqué est:
« Ceux qui sollicitent, expédient, exécutent ou font exécuter des ordres arbitraires, doivent être punis(…). » Article 7.
Or en faisant disparaître la séparation des pouvoirs pour des raisons sécuritaires, les ordres d’arrestations pourront être déclarés comme arbitraires. Bafouant la liberté de déplacement. Or la force publique doit permettre aux gens de garder leur liberté s’ils n’ont pas contrevenu à la loi…

Mais justement, l’époque est une époque de confort.
Et c’est pour ça que de plus en plus de monde accepte que l’Etat viole la vie privée ou la liberté. Si on a suffisamment de choix pour vivre, de confort, et que l’on a rien à se reprocher, la seule chose dont on peut avoir peur serait un danger extérieur. Aujourd’hui ce danger c’est le terrorisme.

La question vient alors: à quel point un Etat peut procurer du confort et la sécurité qui l’accompagne contre moins de vie privé et de liberté? Car j’ai l’impression que c’est quelque chose qui est voulu par beaucoup de personnes: juste du confort et de la sécurité en échange d’une vie privée plus ouverte. Pourquoi se révoltait si on a tout le confort que l’on veut, la sécurité?

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C’est là la plus grande faiblesse de la démocratie, il faut rappeler que ce n’est qu’un système d’organisation de la société bien particulier mais qui n’apporte pas en tant que tel le bonheur, le confort et la sécurité. De là si l’on recherche le bonheur, quand bien même pour le plus grand nombre, la démocratie ne s’impose pas comme une évidence ( il n’y a qu’à regarder les écrits de Machiavel par exemple).

Pourtant le fait que l’on puisse vivre de façon durable plus heureux dans une gouvernance non démocratique semble superflu… Pourquoi la gouvernance rendrait le peuple heureux si elle n’a plus aucun compte à rendre au peuple ? Revenons à la sécurité : pourquoi la France arrêterait de vendre des armes à des pays « sulfureux » si le gouvernement pouvait nous donner un sentiment de sécurité avec un état d’urgence symbolique ?

Il y a en effet pas mal de monde qui voudraient un homme providentiel, un héros des temps modernes apportant la sécurité et le confort pour toutes et tous jusqu’à la fin des temps, et peut-être bien que ceux qu’ils voient en hommes providentiels sont de bonne volonté. Mais il y a aussi des gens qui payent pour des initiatives démocratiques en crowdfunding :wink:, énormément de gens qui voient la démocratie comme seule condition à une société nous protégeant tous de toutes les dérives qu’entraîne le pouvoir sans contrôle d’une classe dirigeante, et ceux-là doivent se révolter à la moindre dérive anti-démocratique, même si elle permet un gain de confort ou de sécurité sur le court-terme, car montrer au pouvoir que l’on peut se laisser flétrir ses libertés c’est aller vers un État avec de plus en plus de pouvoir de manipulation et de répression, et ne rendant des comptes qu’à lui-même (au mieux qu’à sa bonne conscience).

Révoltons-nous donc car la protection et l’organisation de la société doit se faire par le bas, parce que nous sommes nombreux et personne ne doit être oublié, aucune minorité, aucune classe sociale. Révoltons nous et rappelons l’importance de la révolte permanente qu’est la démocratie.

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Une autre source sur le rapport liberté/sécurité (je cherchais la citation de benjamin franklin qui semble avoir été mal comprise donc je vous partage autre chose)

qu’avons nous raté en deux siècles…

Je pense que plus il y a de sécurité moins il y a de démocratie. Exemple: l’état d’urgence. Plus il est prolongé, plus on réduit nos liberté. C’est juste un prétexte pour nous surveillé et interdire les manifestations.

Où Edward Snowden (lanceur d’alerte sur la surveillance généralisée), Larry Lessig (candidat à la présidence américaine 2017) et Birgitta Jonsdottir (fondatrice du parti pirate) s’entretiennentt sur « quoi et comment faire pour que les citoyens se réapproprient la démocratie

http://www.arte.tv/fr/videos/072258-000-A/square-idee-meeting-snowden

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J’ai vu ce très bon documentaire et je partage ce que Edward Snowden dit dans celui-ci, à savoir que pour se réapproprier la démocratie, il faut que chaque citoyen n’ait plus la crainte de subir les conséquences de ces choix.

Que ce soient pour les lanceurs d’alertes par la crainte de la Justice, pour les hommes politiques par la crainte de perdre leur pouvoir s’ils ne suivent pas les codes, pour les salariés par la crainte de perdre leur emploi, pour les citoyens par crainte de nuire à leur famille…

Parce que ces craintes sont au cœur de la société actuelle, et ressassés encore et encore par les médias/politiques/experts etc… et empêchent la naissance d’actions bénéfiques pour le plus grand monde.

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« La révolte permanente », le renouveau, de nouveaux commencements. C’est l’expérience de la liberté politique qui est décrite ici: Qu'est-ce que la liberté?

J’ai aussi emprunté pour mon raisonnement, les mécanismes décrits dans la dystopie décrite dans la Zone du dehors, où l’on a une société de surveillance totalitaire et une société de confort.
https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Zone_du_dehors

@Muon et @r.William Snowden a raison. C’est par le courage, la faculté à surmonter la peur des règles que s’exprime la liberté, face à la sécurité qui n’est qu’un principe de domination face « au monde extérieur ».
Et Snowden n’est que la partie plus visible, la plus médiatique. De nombreuses personnes agissent chaque jour, par la désobéissance civile, ou par des petites actions invisibles.

Sur le sujet de la peur, je recommande « L’installation de la peur » de Rui Zink. C’est bien écrit, grinçant à souhait, et diablement efficace.