Situation assez inédite d'un président agriculteur UDC (parti contre l'accord) qui fait un peu paniquer les entreprises qui profitent des travailleurs étrangers aux bas salaires, en allant négocier seul avec la commission EU. Il promet de respecter la décision collégiale du conseil fédéral, mais personne n'envisage qu'un personnage aussi pragmatique et proche du peuple ne va écouter que les lobbys qui s'expriment via les médias. De fait, chaque débat publique sur l'accord cadre met en lumière un profond désaccord qui tend assez clairement vers un refus en votation populaire. Contrairement à d'autre dossier, la droite, le centre, et un partie de la gauche (syndicats) sont tous ouvertement contre, mais pas pour les même raisons. Ce n'est pas clair à ce stade si des modifications mineurs suffiront à changer le pronostique, car comme l'a récemment compris la commission EU, le problème le plus grave est celui du principe même de l'accord basé sur une reprise automatique du droit et un tribunal étranger.
Ma lecture de la situation est qu'il va simplement mettre la commission devant la responsabilité de ses choix, c'est-à-dire son refus de faire évoluer les accords bilatéraux en vigueurs (même si leur substance est actuellement quasi nulle). Le scénario le plus probable est que la Suisse ne va simplement strictement rien faire du tout. Ni dénoncer les accords actuels, ni accepter un accord cadre. Une éventuelle dégradation de la relation sera ainsi donc entièrement de la responsabilité de l'EU et la Suisse agira pour limiter les conséquences comme elle l'a déjà fait jusqu'à présent.