La loi n'est-elle qu'un produit ?

Hello à tous, amis de l’Agora !

La participation fuse, en ce moment, ça fait plaisir, et ça donne surtout envie de s’y joindre !

Et justement : en avançant sur le sujet des limites de la démocratie, nous avons rencontré à plusieurs reprises une expression troublante : « law shopping ». Elle désigne le fait pour des entreprises multinationales de mettre en concurrence des territoires sur la base de leur législation.

Typiquement, comme le décrivait le philosophe Alain Deneault dans notre dernière interview [ Multinationales : le pouvoir hors-les-lois - #DATAGUEULE 75 - YouTube ], c’est la mise en concurrence des Etats sur le plan fiscal : une multinationale choisira le Luxembourg pour sa législation avantageuse pour les investissements à l’étranger mais préférera l’Irlande quand il s’agira de gérer la propriété intellectuelle dont les revenus y sont très peu taxés. Nous avions déjà évoqué ce sujet dans le premier épisode consacré à l’évasion fiscal, « Volez, volez petits capitaux » [ Volez, volez petits capitaux ! - #DATAGUEULE 19 - YouTube ], en détaillant par exemple l’emboitement des législations permettant une circulation sans frais des avoirs financiers … jusqu’aux plus opaques.

L’actualité a remis le sujet sur le devant de la scène avec l’incroyable fuite des « Paradis Papers ». Dans le documentaire qu’y a consacré Cash Investigation [ Paradise Papers, au coeur d'un scandale mondial - Cash investigation (Bande Annonce) - YouTube ], nos collègues de Premières Lignes détaillent par exemple la façon dont l’île de Man (tout juste connue pour ses chats sans queue [ BBC Earth | Home ]) sert d’échappatoire à la TVA sur les avions privés avec la complicité du constructeur Dassault Aviation.

Les lois de nos territoires, perdant leurs vertus d’organisation de la société, deviennent ainsi des produits sur un « marché international des normes ». Et s’il vous manque un exemple, l’excellent animateur John Oliver en a exposé un récent et édifiant. Dans le dernier épisode de son émission Last Week Tonight (en anglais) [ Economic Development: Last Week Tonight with John Oliver (HBO) - YouTube ], il raconte que l’annonce selon laquelle le géant Amazon cherchait une ville pour implanter son second siège a déclenché un concours de courbettes chez les maires et élus américains. Jusqu’à proposer de créer en Géorgie une nouvelle ville du nom … d’Amazon !

L’argument au coeur de ces concessions reste toujours le même : créer de l’emploi.
Mais que reste-t-il de la loi quand les objectifs d’une entreprise se substitue à l’intérêt des citoyens du territoire où elle est appliquée ?
Comment légiférer sur l’économie et le travail dans un monde où chaque Etat est mis en concurrence avec ses voisins ?
Que penser des maires devenus représentants de commerce qui privent leur commune de revenus fiscaux pour des bénéfices incertains ?

Nous voulions partager avec vous ces questionnements et étions curieux de lire ce que vous inspirent nos lectures et découvertes.

D’autant plus que le prochain épisode mis en ligne sur Youtube parlera entre autre de ce sujet …

À vite !

3 « J'aime »

Tout d’abord, je pense que c’est un bon angle de critique de la société et du système de gouvernement actuel. La démocratie est relève de l’intérêt général lorsque l’oligarchie relève de l’intérêt particulier.

Ensuite il ne faut pas vraiment confondre les USA et la France : les deux ont des histoires fortement différentes, l’une est Etat-Nation au contraire de l’autre, et l’idéal de pouvoir créer une entreprise est bien plus ancré aux USA qu’en France : Rien de plus normale que de laisser les entreprises faire ce qu’elles veulent, elles sont composées de citoyens qui réalisent « leur rêve » (« ceux qui ne réussissent pas pouvaient essayer). Que ce problème ne soit pas régulé là-bas n’est pas étonnant. Mais vous avez raison d’une certaine manière car le pouvoir des multinationales est mondial, ce qui fait leur force face aux institutions publiques qui reste nationales : une des forces voulues pour l’UE est qu’en homogénéisant les normes au niveau européen, les entreprises doivent se plier à celles-ci pour pouvoir conquérir ce marché (très riche et immense). Et avec un système libéral où tout peut se faire dans n’importe quel endroit sans contrainte, c’est l’endroit le moins cher qui gagne la mise pour la production du bien : l’intérêt se trouve uniquement en termes de profits de l’entreprise. Du point de vue de l’institution publique, on se retrouve toujours dans le chantage à l’emploi, même si celui-ci n’est que limité temporellement. Vous ne parlez aussi pas des financements des communes, Etats, qui se font par des banques privées (sur le marché de la dette), ce qui ajoute dans la restriction et le chantage possible.

Donc les solutions envisagées sont les suivantes :

-soit on légifère sur les produits mis sur le marché ce qui oblige les entreprises qui veulent vendre à s’adapter : problème ne peut que difficilement s’appliquer pour interdire des produits déjà utilisé, chantage emploi.

  • soit on légifère sur les taxes douanières ce qui oblige les entreprises qui veulent accéder au marché, à se relocaliser à l’endroit du marché. (Actuellement légiféré au niveau européen ce qui pose problème pour le changer) problème : comment taxer des produits, services lorsqu’ils sont dématérialisé (sur internet) (Exemple, Airbnb : Comment Airbnb échappe à l'impôt en France - Le Parisien ) , même chose pour les GAFA : il suffira de positionner les entreprises à un endroit où l’impôt est bas puis effectuer tout un tas d’activité dans ce pays, laissant que quelques activités dans le pays où vraiment lieu la transaction, etc…

Bienvenue dans une nouvelle ère :

Celui d’une société gouvernée par une petite minorité de «sachants» des connaissances numériques, sans autre objectif politique que la poursuite de ses intérêts propres, et une majorité vivant dans des conditions de précarité croissante, anesthésiée par l’industrie des jeux addictifs et de contenus médias standardisés contenant toute révolte.
Cette synthèse parfaite de la tyrannie douce de Tocqueville et de la société du spectacle de Debord nous pend au nez » (Les GAFA élevés au rang de puissance diplomatique ou la tyrannie des géants du Web ) ou Laisser les GAFA seuls maîtres de notre avenir ? Hum... Comment dire ? - Méta-media | La révolution de l'information

Le souci est qu’il y aura toujours ce genre de problèmes tant que les consommateurs ne pourront pas arrêter cette course en avant . Cette prise de conscience et d’action pourrait se faire lorsque le consommateur devient citoyen, c’est-à-dire lorsqu’il devient responsable politiquement, et ne délègue pas la politique une fois tous les 5 ans.
Sinon c’est la mort de l’Etat et le début de l’anarcho-capitalisme ou la tyrannie des entreprises.

Un extrait de La République (Platon) qui ressemble à ce qui se passe (avec les solutions de l’époque) :

Ainsi dans les oligarchies, c’est en les négligeant et en les laissant se dévergonder, que l’on contraint quelquefois des hommes qui ne sont pas sans naissance à devenir des pauvres.
— Oui, exactement.
— Dès lors ces hommes restent assis là dans la cité, armés de leurs aiguillons, les uns chargés de dettes, les autres privés de leurs droits, d’autres subissant l’un et l’autre malheur, pleins de haine et de mauvais projets contre ceux qui ont acquis leurs biens, et contre les autres, et désireux de voir l’avènement d’un régime nouveau.
e — C’est cela.
— Les acquéreurs de richesses, eux, recroquevillés, ne semblant pas voir les précédents, piquent quiconque parmi les autres veut bien se laisser faire, en lui faisant une injection d’argent ; et en multipliant ainsi les intérêts qu’ils amassent, rejetons de leur capital, 556 ils multiplient en fait faux-bourdons et mendiants dans la cité.
— En effet, dit-il, comment ne le feraient-ils pas ?
— Et de plus, dis-je, ils ne veulent éteindre ce genre de mal dont les flammes se répandent, ni par le premier moyen, en empêchant qu’on consacre ses propres biens à en faire ce qu’on veut, ni par un autre moyen, par lequel, en vertu d’une autre loi, on peut résoudre ce genre de problèmes.
— Quelle loi ? Une loi qui viendrait en second, après celle de tout à l’heure, et qui contraindrait les citoyens à se soucier d’honnêteté. Si l’on prescrivait en effet de conclure la plupart des contrats volontaires b aux risques du prêteur, on s’enrichirait de manière moins éhontée dans la cité, et s’y développeraient en moins grand nombre ces fléaux dont nous parlions à l’instant.
— Beaucoup moins, dit-il.
— Mais à présent, dis-je, pour toutes ces raisons, telle est la situation à laquelle les dirigeants réduisent les dirigés ; d’autre part, pour ce qui est d’eux-mêmes et des leurs, ne rendent-ils pas leurs jeunes, à force de luxe, incapables aussi bien des travaux du corps que de ceux de l’âme, trop tendres pour s’endurcir c contre plaisirs et souffrances, et paresseux ?
— Si, bien sûr.
— Quant à eux-mêmes, ne se transforment-ils pas en hommes insoucieux de tout ce qui n’est pas l’enrichissement, et qui ne se soucient pas plus d’excellence que ne le font les pauvres ?
— En effet.
— Lorsque ainsi disposés les dirigeants et les dirigés se retrouvent côte à côte, quand ils cheminent sur les routes, ou lors d’autres occasions de vie en commun, lors de pèlerinages, ou d’expéditions guerrières, qu’ils naviguent ensemble ou soient compagnons à la guerre, ou encore au milieu même des dangers, d et qu’ils se regardent les uns les autres, alors ce ne sont nullement les pauvres qui sont méprisés par les riches ; souvent au contraire lorsqu’un homme pauvre, maigre, tanné par le soleil, est placé dans la bataille à côté d’un homme riche élevé à l’ombre, avec sur lui toute une chair en trop, et qu’il le voit essoufflé et embarrassé, ne crois-tu pas qu’il pense que c’est bien de leur faute, à eux les pauvres, si de tels hommes sont riches ? et ne crois-tu pas que les pauvres, quand ils se retrouvent entre eux, se passent le mot : « Ces hommes sont à notre merci ! e ils ne sont rien ! »
— Si, dit-il, je sais bien que c’est ce qu’ils font.
— Par conséquent, de la même façon qu’un corps maladif n’a besoin que de recevoir une petite impulsion du dehors pour tomber malade, et que quelquefois même, sans rien d’extérieur, il entre en dissension avec lui-même, de même la cité qui est dans les mêmes dispositions que lui, au moindre prétexte, que les uns demandent alliance à l’extérieur à une cité gouvernée de façon oligarchique, ou les autres à une cité gouvernée démocratiquement, tombe malade et se combat elle-même, et quelquefois même entre en dissension interne sans que des éléments extérieurs soient intervenus ?
557 — Oui, exactement.
— Or la démocratie, je crois, naît lorsque après leur victoire, les pauvres mettent à mort un certain nombre des autres habitants, en expulsent d’autres, et font participer ceux qui restent, à égalité, au régime politique et aux charges de direction, et quand, dans la plupart des cas, c’est par le tirage au sort qu’y sont dévolues les charges de direction.
— Oui, dit-il, c’est comme cela que la démocratie est instituée, que cela ait lieu par les armes, ou encore que l’autre parti, intimidé, cède la place.

Cela me fait penser à un texte que j’avais écrit il y a une dizaine d’année :

"…Si l’on observe le fonctionnement du pouvoir dans l’entreprise il est clair que le fonctionnement est fondamentalement non démocratique, on peut la plupart du temps le qualifier de féodal. En effet l’équipe dirigeante au sein de l’entreprise est généralement adoubée par les actionnaires majoritaires, mais elle n’est pas élue ni n’a de compte à rendre aux salariés ni aux autres parties prenantes que sont les clients, les fournisseurs ou les représentants des communautés sur lesquelles l’entreprise a du pouvoir (commune pour une installation industrielle,…). Quant à l’égalité des salariés, la séparation des pouvoirs exécutifs législatifs et judiciaires ou la liberté de l’expression et de l’information, qui aujourd’hui oserait l’imaginer…

La capitalocratie est basé sur un principe simple : la liberté absolue et sans limite du détenteur de capital. Quand G W Bush dit qu’il est le défenseur de la liberté et qu’il veut pour les états unis construire une nation de propriétaires c’est parce qu’il est d’abord un capitalocrate même s’il s’accommode d’un système politique démocratique. Ce principe politique, dans un monde fini comme l’est notre planète est générateur d’une violence absolue et sans limite. Il engendre une compétition mortifère entre les individus pour détenir le plus de capital possible au détriment des autres. Il tend à vouloir annexer toutes les activités humaines pour les rendre marchandes et donc « capitalisables ». Au sein des collectivités humaines que sont les entreprises et notamment les sociétés privées à but lucratif il favorise une structure de pouvoir féodale dédiée à la recherche exclusive du profit. Je ne parle même pas ici des dégâts que ce système engendre sur l’environnement ou l’hypothèque qu’il s’octroie sur le monde laissé aux générations futures…

Dans un monde développé qui baigne dans une culture politique démocratique depuis deux siècles, où 80 % d’une classe d’age à un niveau d’éducation secondaire, ces « dégâts collatéraux » rendent ce système de plus en plus illégitime. Face à ces dégâts et en réaction aux pressions extérieures, les entreprises capitalistes ont inventé ses dernières années un certain nombre de concepts et de pratiques pour les rendre acceptables. Ces concepts qu’ils se nomment entreprise citoyenne, développement durable ou démarche de qualité totale ne sont que des caches sexes qui ne remettent pas en cause la structure du pouvoir foncièrement antidémocratique.

Deux pistes aujourd’hui ne sont pas explorées et me paraissent indispensables pour réduire la violence économique de notre monde capitalocratique. Ces deux pistes reposent sur les principes de la démocratie :

Tout d’abord favoriser les entreprises à but non lucratif et ayant une structure de pouvoir interne démocratique. Le statut d’entreprise à but non lucratif n’empêche pas la création de valeur ajoutée pour la société, au contraire il permet de mieux mobiliser l’ensemble des membres vers la réelle raison sociale de la structure qui aujourd’hui est secondaire par rapport au désir de profit. Il suffit de voir l’engagement et l’efficacité des membres des ONG et des entreprises coopératives pour en avoir la démonstration. Le respect des principes démocratiques implique que les membres de l’entreprise, qui sont le collectif humain réellement engagé, nomment les dirigeants au même titre que les actionnaires qui engagent du capital. Il implique aussi la séparation des pouvoirs exécutifs législatifs et judiciaires internes et une réelle liberté d’expression et d’information.

A partir de ces principes il est nécessaire de redéfinir les statuts des entreprises, leur gouvernance et même le statut de salarié. C’est tout un champ de réflexion et d’expérimentation qui est à ouvrir, notamment quels types de dispositifs en fonction des tailles ou d’autres critères comme le secteur d’activité, on ne peut évidemment pas mettre en place les mêmes systèmes dans une entreprise de 10 personnes et une autre de 100 000, même si les principes directeurs peuvent être les mêmes. Dans ce cadre les politiques publiques qu’elles soient locales nationales ou supra nationales pourraient soutenir ce mouvement en conditionnant toutes les aides publiques à la nature de la structure du pouvoir dans les entreprises. Le deal serait clair : « messieurs les actionnaires, vous êtes libres de garder un pouvoir total et discrétionnaire dans vos entreprises, mais dans ce cas ne comptez pas sur les aides de la collectivité »…

Ceci étant cette piste ne pourra pas à elle seule réduire la violence économique. Celle ci est fondamentalement soutenue par le désir irrépressible du pouvoir absolu qui s’incarne aujourd’hui par la détention illimitée de capital. Il est particulièrement notable que la seule activité humaine qui ne soit pas limitée soit la thésaurisation de capital. Or dans un monde fini cette absence de limite engendre forcement une violence car cette thésaurisation individuelle se fait forcement au détriment des autres. En effet, dans une économie avec un taux de croissance et une inflation de l’ordre de 2 %, la recherche de rendement de 15 % se fait forcement aux détriments des autres, compétiteurs, sous traitants et au bout du compte salariés.

Comme la solution d’étatiser les biens est liberticide, une solution serait de fixer un plafond à partir duquel il deviendrait illégal pour un individu d’accroître sa richesse. On pourrait parfaitement mettre ce plafond sans forcement limiter les revenus, simplement chaque année les biens supérieurs à cette limite devraient être redistribués à des structures publiques ou privées sans buts lucratifs et avec lesquelles le donateur n’a aucun lien de quelque nature que se soit. Ce principe accompagné par la démocratisation de toute collectivité humaine réduirait mécaniquement la violence économique. Les entreprises n’auraient plus à garantir des retours sur investissements délirants de 15 % vis à vis de leurs actionnaires, la course à la taille et au profit à tout prix n’aurait plus de raison d’être.

Ceci ne remet absolument pas en cause la liberté de l’entrepreneur privé, mais l’oblige s’il souhaite développer son activité à convaincre non seulement les actionnaires qui engagent leur capital, mais aussi l’ensemble des autres partenaires engagées dans l’entreprise qu’il leur propose. Ces deux pistes auraient aussi un effet bénéfique sur la pérennité des entreprises d’une certaine taille car celles ci ne seraient pas dépendantes d’une petite oligarchie constituée des principaux dirigeants et des actionnaires majoritaires qui par structure est instable.

Il ne restera plus qu’à trouver des dérivatifs pour les drogués de la puissance et du pouvoir absolu, on peut désormais leur réserver des espaces virtuels où ils pourront s’adonner librement à toutes les compétitions possibles et imaginables sans que cette volonté de puissance affecte les autres êtres humains dans l’espace réel… "

Aujourd’hui j’essaierai de développer la notion de gouvernance des communs face à la propriété exclusive (il existe un bon forum sur le sujet : https://forum.lescommuns.org/ ) et aussi la problématique de la transparence des algorithmes. En effet dans l’ancien régime les prédateurs étaient ceux qui détenaient
la terre, depuis 250 ans c’est ceux qui détiennent le capital, désormais et dans le futur les prédateurs seront ceux qui veulent s’arroger une propriété exclusive sur les données et les algorithmes…

2 « J'aime »

Votre analyse me semble relevé de la réalité dans le constat des forces en jeu.
Pour ces solutions, elle offre des alternatives très intéressantes, contrairement à mon message qui restait dans la continuité de l’idéologie économique. Sauf que justement, ces solutions sont en décalage avec le système actuel, et que ce qui ont le pouvoir feront tout pour décrédibiliser ces solutions.
Combien de personnes aura/connaîtra /utilisera cette analyse ? Trop peu malheureusement.
Ma question est alors: comment pensez-vous que ces idées peuvent être propagées, appliquées dans notre vie de tous les jours, et dans le monde politique?
Cette question me rappelle cette vidéo du leader de Podemos:

Il explique une chose simple : les gens veulent vivre, la politique c’est de trouver le sens commun entre les gens pour les rassembler autour des questions qui les touchent.

1 « J'aime »

Sur d’autres pistes d’évolution du pouvoir dans les entreprises j’avais écrit deux articles il y a quelques années :
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/l-entreprise-un-impense-du-148247
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-prochaine-etape-de-la-126214

Mais pour qu’il y ait un changement radical, il faut ne plus supporter la situation actuelle et avoir une vision claire vers où l’on veut aller. Sur la délégitimation des pouvoirs, qu’ils soient politiques ou économiques, le boulot est déjà largement entamé. Le vrai sujet est comment on montre qu’un autre monde est possible ?

C’est sans doute au niveau local avec toutes les expérimentations de gestion des communs comme par exemple ici ( http://demainencommun.fr/ ) que l’on peut montrer qu’une organisation non hiérarchique est possible. Au niveau politique des expériences comme Saillans et la belle démocratie ( http://labelledemocratie.fr/ ) sont prometteuses. Plus généralement il faut aussi diffuser de nouveaux principes comme à Sénat Citoyen ( http://www.senatcitoyen.fr/ ) où l’on souhaite que : "Pour tout pouvoir constitué, gouvernement et/ou assemblée élue, il doit exister une assemblée citoyenne tirée au sort qui questionne, fait des propositions et contrôle ce pouvoir”. On peut imaginer que dans une société démocratique ce principe s’applique à tous les pouvoirs quels qu’ils soient y compris les pouvoirs privés.

Il y a un vrai travail d’éducation populaire à faire.

J’ai trouvé ce point de vue très intéressant et à contre pied des médias dominants (Paradise papers : de la pure propagande - Contrepoints)

L’évitement d’une contrainte semble tout à fait naturel et le fait de l’affontrer est soit preuve d’un grand courage soit une incapacitée à faire autrement.

Malheureusement dans les situations "internationales " les contraintes posées aux agents dépendent rarement du pays qui subit la perte sauf à utiliser des leviers qui sont liés à quelque chose d’immuable (ou presque) par exemple la nationalité utilisée par les USA pour déterminer qui subira l’impôt ou la situation physique d’un immeuble.

En France ça existe aussi les zones avec allègement fiscaux ayant un objectif de redynamisation (SIG Politique de la Ville) pas besoin d’aller chercher de l’autre côté de l’Atlantique;)

1 « J'aime »

Je n’avais jamais entendu cette expression de « Law Shopping » mais elle illustre bien en deux mots les grands problèmes d’aujourd’hui.

Il y a deux problématiques je pense dans ce que vous mettez en évidence :

  • le fait de pouvoir librement déplacer les capitaux et de s’implanter facilement où l’on veut → donc les États diminuent encore et encore leur fiscalité.

  • le fait d’obtenir des « rabais fiscaux » avec le chantage à l’emploi. → donc les maires font les courbettes

Mais effectivement l’emploi est le point central et je pense que le revenu universel peut permettre de rétablir de l’égalité dans ce rapport de force.

Le question également est :
"Si on prend un pays comme l’Irlande, qui (je ne suis pas expert, je caricature beaucoup) n’a pas de source de richesses immédiate, (pas d’agriculture, pas de fleurons industriels, pas de matières premières etc…) quelles solutions peut-il envisager pour faire vivre un peuple entier ?

J’avais envie de répondre sur le revenu universel pour lequel j’ai un doute alors j’ai créé un sujet là Du temps pour vivre en société /revenu universel

Je relance ce sujet très intéressant.

Si quelqu’un a des éclairages sur ma question naïve :

Pour faire vivre le peuple entier, ne faudrait-il pas compléter le revenu minimum garanti par un revenu maximal plafonnant les revenus ? (pas seulement un plafonnement des salaires, mais vous avez bien lu, un plafond aux revenus, c’est-à-dire à la somme des sources d’enrichissement personnel).

Les lions dans la savane accumulent-t-ils un tas pourrissant d’antilopes dans un coin juste parce que c’est « normal » de faire cela? j’aimerais tellement qu’on ne cherche pas de réponse à cette dernière question.

@sdm94 un tel développement est-il envisageable sans rentrer en confrontation frontale(voir violente) avec les institutions(entreprises et organismes gouvernementaux) actuelles? Merci d’avance.

Je n’ai pas de réponse car la comparaison ne fonctionne pas: alors que les antilopes pourrissent, les placement des capitaux créent des revenus supplémentaires, ce qui enrichi particulièrement bien les plus riches.

si je continue votre phrase avec « et cet argent ne sert pas pour ceux qui en ont besoin pour leurs besoins les plus vitaux, tout comme les antilopes ne gambadent plus librement et les autres lions ne mangeront pas ce que les autres laissent pourrir », peut-être est-ce plus clair?
Pauvres antilopes mortes pour enrichir l’« orgueil » d’une minorité de lions…

que le système financier habituel favorise ce pourrissement de l’argent, ça n’a rien d’étonnant et on peut toujours rêver à des milliardaires philanthropes!

Je racontais cette fable parce que le mythe de la loi de la jungle ne se constate pas quand on est un peu honnête, c’est autre chose qui est à l’oeuvre quand un homme gagne plus en un jour qu’un homme lambda en une année, j’aimerais bien que notre culture populaire le qualifie plus de cauchemard que de rêve, et un revenu de base dans sa version inconditionnelle et universelle, participerait sans doute à renverser ce paradigme.

Je n’ai pas compris. Par quel processus le revenu de base inconditionnel renverserai les inégalités de revenus (et/ou les revenus des placements de capiteux) ?

Pour le financer ce RBI, on fait quoi? on ne peut pas se contenter de dons comme le MFRB le fait actuellement. Je suis super content à la fois pour les 3 personnes qui vont toucher 1000e par mois pendant un an.

Un financement par la TVA me paraît très intéressant et faisable actuellement, mais dans une perspective de décroissance, ça ne tient pas sur la durée (oui, cette dernière estimation n’est qu’un préjugé qui peut-être faux).

1 « J'aime »

On a jamais que le pouvoir qu’on vous laisse prendre.
Pour moi le combat est d’abord culturel, il suffit de voir l’évolution du patriarcat entre les années 50 où les femmes n’avaient même pas le droit d’ouvrir un compte bancaire sans l’accord de leur père ou de leur mari et la situation actuelle avec #balancetonporc.
Je ne suis pas sur qu’un #laissetombertonpremierdecordée soit suffisant mais on n’est pas obligé de couper les têtes !

3 « J'aime »

@sdm94 Salut, ta reflexion me fait beaucoup penser aux propos d’un think tank mutualiste americain. Peut-etre trouveras-tu et la communaute de l’agora en general leur contenu interessant.

Voici un lien qui vers un article qui decline plusieurs examples(qui commencent a dater) de ce pouvoir a saisir parce-qu’il n’est pas appropriable par les institutions centralises/

(c’est en Anglais par contre)

2 « J'aime »