La démocratie au travail" ou "la démocratie et l'entreprise"

A la demande de juliusf ce topic est dédié à la démocratie au/et le travail" ou à « la démocratie et l’entreprise »

Cela dans le but de développer une réflexion et un argumentaire sur cette distorsion qui existe entre le monde hiérarchisé de l’entreprise et la démocratie civile ( supposée horizontale) qui est à même de biaiser la réalité politique de la société (compte tenu du fait que la situation socio professionnels d’un citoyen peut influencer grandement ses orientations politiques indépendant des impératifs de société).

Ce sujet recadre le débat précédent « la démocratie, seulement en politique » sur la dimension du travail et de l’entreprise, ou isole en particulier cette dimension.

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Dimanche aprèm je me suis rendu à l’un des ateliers mensuels de la CNT, qui portait ce mois-ci sur les coopératives.

J’ai pris quelques notes car nous avons eu droit à plusieurs intervenants qui nous ont parlé de l’histoire des coopératives, d’expériences récentes ainsi que des problématiques qui entourent le sujet. En voici donc le compte-rendu, qui pourrait apporter du contenu pour le débat.

On a pu distinguer cinq grandes parties avec cinq intervenants différents :

1ère partie : l’histoire des coopératives

Une coopérative, qu’est ce que c’est? En toute généralité, il s’agit d’une association de personnes dans l’économie, qui se base sur des principes et des règles dont :

  • l’engagement volontaire
  • l’égalité des personnes
  • la solidarité

L’histoire des coopératives va de la Révolution Française à nos jours, avec depuis quelques années un vrai bouillonement dans le domaine. Il faut cependant comprendre qu’il y a de nombreux types de coopératives, et en particulier un point que j’ai retenu et qui m’a semblé fondamental est qu’on peut notamment distinguer coopératives de consommation et coopératives de production. Les coopératives de consommation visent à garantir le contrôle des consommateurs sur la production, tandis que les coopératives de production visent à garantir le contrôle des travailleurs sur la production. Seulement voilà, cela engendre des tensions, et l’idéal serait de combiner les deux, car chacun de ces deux types de coopératives peuvent très facilement donner lieu à des dérives : risque de corporatisme, non garantie des conditions de travail…

Un autre point important à noter est qu’une coopérative de consommation se fait avec très peu de capital, tandis qu’une coopérative de production en nécessite une certaine quantité. On peut donc voir dans un projet d’autogestion la coopérative de consommation comme le tremplin vers quelque chose de plus ambitieux.
Il est interessant de voir que les coopératives d’usager (comme banques et assurances coopératives) emploient 25M de personnes contre 4 Millions pour les coopératives de productions.
La coopération a explosé après la révolution de 1848, la France c’est couverte de coopérative, détruite par Napoléon III par la suite. Comme les mouvements coopératifs forts de la décolonisations ont été détruit par les états colonisateurs, même si le commerce équitable est en train de les ressusciter.
2ème partie : les coopératives vues du pdv de la stratégie d’entreprise

Partie plus courte dans laquelle on nous a parlé des modalités de fonctionnement des coopératives, les questions de salaire.
Un point qui a été mis en avant est la dimension sociale forte des coopératives, au détriment de l’aspect capitalistique, à l’opposé de l’entreprise capitaliste classique.

Cependant, les dérives existent et on a eu l’exemple de Mondragon, coop espagnole qui s’est éloignée de son objectif premier de coopérative avec le temps et en grossissant.

En terme de gestion, deux pistes que l’intervenant a mis en avant :

  • La socialisation des revenus du côté de l’actif du bilan
  • Un financement par système socialisé, par exemple via un fonds salarial d’investissement du côþé passif du bilan
    Il est question de remettre en cause la propriété via ces deux pistes, et d’exiger le droit de participer à la prise de décision dès lors qu’on fait vivre l’entreprise.

3ème partie : copaname (800 salariés)

Il s’agit d’une entreprise qui propose aux travailleurs de tous les horizons de se regrouper pour etre un grand nombre de précaires à travailler en indépendant, mais en bénéficiant des avantages sociaux de la structure d’entreprise. Elle est donc multi-activités et ouverte à tous.

Son but premier était d’accueillir les chômeurs forcé de crée leur propre emploie pour leurs apporté la sécurité que ce statu n’apporte pas.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce ne sont pas les chômeurs qui affluent vers cette entreprise mais beaucoup de travailleurs précaires[ j’ai plus compirs autonome] qui veulent échapper au rapport de subordination du salariat. Il y a des journalistes, des informaticiens, des jardiniers, des graphistes…

Il a également été fait mention de « Smart », une coopérative belge regroupant 75 000 artistes, et qui agit comme un syndicat des artistes, dans la mesure où elle renverse le rapport de depéndance entre artistes et employeurs : ceux qui ne payent pas les artistes pour leurs prestations sont tout simplement blacklistés par l’entreprise et donc par les 75 000 salariés, soit une bonne partie[la quasi totalité] des artistes belges. Cela grace à l’automatisation du fonctionnement de la coopérative.

4ème partie : coopérative intégrale ile de france

Une coopérative intégrale, c’est une coopérative qui cherche à proposer tout un ensemble de réseaux permettant à terme de s’extraire du capitalisme. La coopérative intégrale de Catalogne en est un bon exemple (malgré certaines problématiques la concernant), et il y a eu une tentative de proposer le meme principe en Ile de France. Seulement ça a été un échec, et ce pour plusieurs raisons, selon l’intervenante :

-Volonté d’autonomie, donc sans subvention. Seulement tout le monde n’est pas prêt, nécessaire de fixer cela avant de se lancer

-Question de la légalité, illégalité (créer leur propre monnaie : désobéissance fiscale car la tva saute)

-Inclusion, inclure tout le monde = perte d’identité, problème d’engagement : qui a du temps à donner?

-Manque de temps, épuisement, la bonne volonté ne fait pas tout, problème du lieu de rencontre (local? Global?.. )

  • Prétention à englober l’IDF mais surtout des parisiens : peut-etre trop gros, revoir à une échelle plus petite?

  • Relation avec des gens qui avaient des initiatives concrètes : tout le monde s’attend, initiateur comme organisateur… les initiateurs fuient car quelle légitimité pour les organisateurs? Ça n’a pas pris à cause de cette défiance (entre autres)

A ce propos il a également été fait mention de la coopération intégrale du Berry, qui semblait proposer un projet très intéressant et est déjà à un stade très avancé (voir notes) et la coopérative intégrale de Catalogne qui fonctionne très bien.

5ème partie : Les SAPO

On nous a finalement parlé des SAPO, une structure économique assez oubliée, mais qui présente l’originalité de donner une place au travail dans le passif de l’entreprise, et donc donne une certaine légitimité intrinsèque aux travailleurs dans la prise de décision.

Il semble cependant qu’on a eu très peu de SAPO dans l’Histoire, dans la mesure où la chambre de commerce de Paris et l’association de la promotion de la participation se sont ruées sur les SAPO pour leur mettre des bâtons dans les roues.

Comme exemple concret, on peut penser à Air France, qui l’a été pendant une courte période, ainsi qu’à « Ambiance Bois », un documentaire a d’ailleurs été fait sur cette SAPO, qui s’appelle « Ambiance bois : le travail autrement ».

La structure des SAPO revient à considérer que les travailleurs ont un capital-travail de X% du capital qui donne donc X% des droits de votes qui sont gérés démocratiquement par les employés.

Deuxième grande partie de la conférence : beaucoup de discussions, je n’ai pas tout noté. Ce sont donc plus des notes :

Les SCOP du BTP ont en général l’associariat verouillé a une petite parti de leurs employés.

les nouvelles techniques de managment tel entreprises libérées sous pretexte de mettre la démocratie dans l’entreprise peuvent être utilisées pour aliéner d’autant plus les salariés en leur faisant croire que les décisions de la direction sont les leurs via des techniques de manipulation de groupe.
L’obstacle au développement des SCOP maintenant, c’est l’Etat. Des lois sont passées sous Hollande pour rendre une nouvelle Fralib impossible. L’État a torpillier les procédures de reprises en SCOP et n’envoie plus que des gendarmes. Il veut détruire la comptabilité des SCOP en transformant les parts sociales en dette, ce qui a pour effet d’être au minimum endetté à 100% du capital.

Bref, j’ai trouvé cette conférence très intéressante, et elle m’a fait réfléchir à pas mal d’outils. Je crois que la coopérative intégrale est un horizon à viser, mais pour y arriver il faut passer par une multitude d’initiatives et de scop en tous genres.

Se méfier des coopératives qui ne sont finalement que des systèmes dans lesquels la direction est capturée par un petit groupe de personnes, sans contrôle démocratique.

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Ce débat avait en effet l’air très intéressant lapinbilly !!

Je ne vais pas en rajouter d’avantage sur le domaine des coopératives donc, je ne pense pas pouvoir lol.
Mais j’aimerais entraîner le débat au delà des frontières de l’entreprise. Car justement la démocratie au travail dépend de rapports de forces productifs en dehors de l’entreprise. Sur le marché des biens et services, et surtout, sur le marché du travail. C’est le marché du travail qui produit les délocalisations, c’est celui-ci aussi qui explique beaucoup des échecs des coopératives en général, Mondragon y compris, car la démocratie en entreprise demande plus de temps. Ainsi, si on veut être compétitif sur un marché des biens et services tout en assurant un fonctionnement démocratique, il faut l’être sur le marché du travail en trouvant des producteurs qui travailleront plus en étant payés moins. C’est souvent à ce moment-là qu’on atteint le bout du modèle coopératif…

Mais ce n’est pas une barrière infranchissable, et la première étape pour la franchir est avant tout de réaliser qu’elle existe.

Une 2ème étape possible est celle que nos anciens ont conquis: Les heures syndicales. Un droit à être payé pour organiser les travailleurs sur leurs intérêts de classe que l’on soit en coopérative ou en entreprise.

J’aime beaucoup également la proposition que vous avez faite:

Ca fait aussi partie des mesures que nos anciens ont mis en place. C’est la cotisation qui a permit par exemple la création de tous les CHU de France. Le film la sociale en parle très bien: https://www.youtube.com/watch?v=PjcWDQKzclI

Le statut de la fonction publique est également une très grande avancée dans l’histoire pour la démocratie en entreprise. Puisque ce statut permet aux fonctionnaires (TRAVAILLEURS publics) d’être payés individuellement indépendamment de leur poste. Leur N+X n’est pas leur employeur. C’est une pression en moins pour garantir plus d’autonomie et donc de démocratie au travail. (Bien sûr le fonctionnement démocratique n’existe malheureusement pas dans la fonction publique, c’est hyper hiérarchisé, mais là je me limite aux droits qui permettent de faciliter la démocratie. Le fonctionnement démocratique lui-même est à cencevoir comme pour les coopératives.)

Enfin, une grande lutte vient d’être perdu pour garantir un droit du travail égal pour tous en dehors des aléas du marché: celui sur le principe de faveur entre loi, conventions collectives et contrat de travail. C’est aussi pour ça que j’insiste sur l’importance capitale à penser la démocratie au travail en dehors de l’entreprise. Car quel était le mot d’ordre favoris du patronat pour faire passer la loi travail?

« Pour plus de démocratie dans l’entreprise !!! »

Je vous conseille de vous intéresser aux travaux de l’institut européen du salariat (groupe de chercheurs universitaires) pour approfondir ces questions.
Les travaux de la CGT (qui était au cœur de ces conquêtes en France), notamment sur les nouveaux statuts du travail salarié sont aussi très inspirants.
Enfin, je fais partie de l’association d’éducation populaire Réseau Salariat, que je trouve à l’avant-garde sur tous ces sujets, et je vous invite donc à vous y intéresser, voire nous rejoindre ^^

Pour comprendre la notion de démocratie en entreprise, je recherche les institutions qui permettent à ses salariés (tous, du bas au plus haut de l’échelle sans exception) de débattre et de voter. Je suis aussi peu satisfait de voter pour un candidat à la présidence de la France, que pour des représentants syndicaux ou CE dans une entreprise.

Sans parler plus de Sociocratie que je ne l’ai déjà fait, je reste vigilant à d’autres institutions.

A chaque fois que j’entends parler de referendum en entreprise, je suis perplexe. J’ai beaucoup parlé de referendum avec @jcamdr70 dans cette agora, et je regrette de ne pas avoir trouvé d’équivalent proche ou lointain à une sorte de droit d’initiative citoyenne en dehors des syndicats ou de l’administration de l’entreprise.

Alors je vous le demande : Connaissez-vous des formes de referendum qui soit lancé par des salariés sans censure possible par la direction de l’entreprise ou des syndicats (même majoritaire)? et si non, quelles formes aimeriez-vous qu’elle prenne pour vous sentir en sécurité avec cette institution?
c’est ce point du débat qui m’intéresse le plus.

Je me base sur le droit Suisse car c’est plus simple pour moi, mais très probablement que c’est similaire dans le droit Français.

https://www.admin.ch/opc/fr/classified-compilation/19110009/index.html#id-2-10

Art. 321a B. Obligations du travailleur / II. Diligence et fidélité à observer
II. Diligence et fidélité à observer

1 Le travailleur exécute avec soin le travail qui lui est confié et sauvegarde fidèlement les intérêts légitimes de l’employeur.

Avec une telle disposition, difficile d’envisager une structure démocratique. Il faut ajouter à cela que la loi définit clairement qui et/sont le(s) propriétaire(s) d’une société. Les deux méthodes le plus souvent observables, groupement d’employés qui négocient et participation à la propriété de l’entreprise, sont les structures que la loi permet qui va un peu dans la direction de la démocratie.

Il existe des sociétés qui consultent leur travailleurs de façon démocratique sur quelques questions, mais formellement ce sont les propriétaires qui prennent la décision finale, quelque soit le résultat de la consultation.

Je suis surpris, Pourquoi vouloir contourner les syndicats?

Pourquoi juger moralement qu’un salarié « contourne » un syndicat?

Sinon, pour ne citer qu’un exemple : parce que les représentants syndicaux ne sont pas présent physiquement dans l’entreprise (imaginez dans des filiales de grands groupes).

ok.
merci quand même, c’est juste dommage, non? :confounded:

Bah c’est cette réalité qu’il faut changer. Qu’est-ce que tu crois camarade? C’est le medef et la cfdt qui luttent pour éloigner de plus en plus les délégués syndicaux des salariés. Pour les professionnaliser tout en les éloignant des réalités des travailleurs.

Pour autant, les syndicats sont des institutions démocratiques d’organisation des travailleurs dans l’entreprise, dans la branche, interentreprises au national et au local. La majorité du temps quand un référendum d’entreprise est organisé c’est pour contrer ce contre pouvoir démocratique et cette connaissance de l’impact global en chaine que peut avoir la décision votée.

Donc bref, ce que tu critiques des syndicats, ils le savent aussi et le dénoncent. Il faut militer dans le sens de l’amélioration des institutions démocratiques qu’on a et dont on connaît l’expérience. Pas tout reprendre à 0 parce que ça ne satisfait pas encore…

En l’absence d’amélioration flagrante de la condition du salarié (ces derniers 20 ans, soyons magnanime?), c’est qu’un autre contre pouvoir n’est pas utilisé, ni par les détenteurs du pouvoir ou leurs opposants « légaux » qui exercent aussi une forme de pouvoir.

Pourquoi croire qu’un referendum serait un outil utilisable seulement par un groupe hiérarchique minoritaire en nombre (une direction ou un syndicat) ?

Pourquoi ne pas voir que le referendum a du sens pour l’intérêt collectif
seulement lorsqu’il est initié par le peuple entier (ou l’entreprise entière),
validé et mise en œuvre par tous les membres d’une nation (ou d’une société)?

J’en profite pour demander. Y-a-t-il des syndicats où les élus sont contrôlables par des groupes de citoyens tirés au sort, avec des mandats d’un an non cumulables et non renouvelable ni dans le temps ou sur le moment, qui seraient révocables, et dont les lois seraient abrogeables?
Y’a-t-il simplement des syndicats qui n’est pas un système de sélection des représentants qui ne soit pas calqué sur celui de la 5e république?

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Bah non. Et c’est bien ça qu’il faut changer.
Mais ne pas voir que le référendum d’entreprise aujourd’hui existe déjà et est toujours utilisé pour contourner les syndicats afin de réduire les droits des travailleurs, c’est faire preuve d’une naïveté dangereuse.

Tu ne te souviens pas de l’argument principal de Myriam El Khomry pour sa fameuse loi travail qui est un retour de 70ans en arrière sur la protection sociale des travailleurs? « Renforçons la démocratie en entreprise », en supprimant la hiérarchie des normes…

Le rapport employeur/employé est dissymétrique cher ami. Parler de référendum en entreprise en pensant que ça améliore la démocratie en ignorant complètement cette réalité ne peut que renforcer le pouvoir social du patron face à son contre pouvoir organisé actuel.

Je te le répète, la démocratie au travail est un sujet que les syndicats traitent déjà, en tout cas la CGT. C’est la raison même pour laquelle ils ont été créé ya plus de 100 ans: Renforcer le pouvoir des travailleurs pour permettre une gestion démocratique de la production. Nier leur expérience et leurs archives dans cette lutte de pouvoir, pour simplement vouloir faire la « démocratie en entreprise » sans eux est dangereux.

C’est comme dire « l’organisation du pouvoir législatif actuelle est pourrie, faisons une démocratie sans pouvoir législatif ». C’est complètement débile, naïf, et clairement dangereux pour la démocratie. Ne serait-ce que parce que l’absence d’institutions de pouvoir et contre-pouvoir formelles, entraîne toujours une structure de pouvoir informelle bien plus perverse. Mais surtout parce que les institutions actuelles s’inscrivent dans une évolution liée à celle du mode de production. Ne pas prendre comme référence cette évolution, ne pas pratiquer un raisonnement matérialiste historique, c’est s’assurer des échecs sociaux criants doublés d’une croyance aveugle en l’instauration d’un mieux qui n’aurait aucun rapport avec la réalité.

je le vois, et alors, à part être triste ou en colère, je vous explique que c’est un non-sens pour le Bien Commun.

donc on est d’accord?!

alors voyez où je trouve du sens à propos de referendum.

A propos de :

[quote=« Bradou, post:11, topic:3399 »]hiérarchie des normes
[/quote]

cette formule n’est que des mots derrière lesquels on peut mettre n’importe quoi : et c’est le cas avec la loi travail.

Dites-moi quelles institutions vous semblent plus démocratique dans des syndicats, que si un groupe de salariés pouvaient lancer une consultation auprès de tous les salariés, avec des temps de débats pour préparer ces votes?

au besoin, parlez de votre expérience pour que je comprenne avec des exemples.

En ces temps de réflexion gouvernementale sur le statut des entreprises, ci-joint un article qui fait le point sur les propositions de réformes sur la place publique. L’auteur reste néanmoins attaché à la toute puissance des actionnaires

Dans le même ordre d’idée 10 propositions de la Fondation Jean Jaures sur : « entreprises engagées comment concilier l’entreprise et les citoyens »

Et bien non justement, on ne met pas n’importe quoi derrière la hiérarchie des normes. La classe dominante veut lui enlever son sens mais la réalité c’est que C’EST L’INSTITUTION de contre-pouvoir du marché du travail.

C’est celle-là cher ami. Celle qui définit que dans le travail s’applique une loi nationale, puis une convention de branche permettant à chaque type de métiers d’avoir des règles communes de travail et donc une concurrence basée uniquement sur le marché des produits et pas des travailleurs. Et un code du travail qui peut être renégocié au sein de l’entreprise en fonction du rapport de force entre salariés et patrons. Le tout avec un principe de faveur (mtn supprimé par la loi travail) qui empêche d’avoir un contrat de travail avec moins de droits que la convention collective, elle-même ne pouvant donner moins de droits que la loi.

On parle d’une réalité concrète de lutte entre 2 classes dont les intérêts sont antagoniques. Ton référendum d’entreprise il change nada. Je travaille dans une biocoop coopérative, le fait qu’on fonctionne démocratiquement d’égal à égal dans mon magasin ne change pas le fait que mon concurrent à l’autre bout de la rue peut maintenant payer ses employés en dessous du SMIC (grâce à la loi travail) en profitant d’une conjoncture économique dans laquelle suffisamment de chômeurs dans la merde l’acceptent. Ce faisant, il peut carrément baisser sa marge de dingue par rapport à nous et nous condamne à en faire de même pour être compétitif et donc baisser nos salaires.

Conclusion, nous avons beau avoir un fonctionnement démocratique dans notre entreprise, nous avons besoin de militer syndicalement pour garantir des contre-pouvoirs supérieurs face à « la loi du marché », ou plutôt la bourgeoisie. Nous avons besoin de nous organiser inter-entreprise, et nous avons besoin de nommer des représentants qui iront négocier avec les représentants du patronat. Au niveau de nos branches et au national.

Mais c’est marrant, c’est exactement ce qu’on fait !!!
Sauf qu’on n’est pas assez, on n’arrive pas à avoir un rapport de force suffisant face à la classe dominante… On n’est plus à l’époque du front populaire où, quand les syndicats appellent à la grève, 3 Millions d’ouvriers bloquent l’économie et permettent donc la mise en place des congés payé, les 40h et l’augmentation des salaires de 7 à 15%. Le même type de rapport de force qui permet en 1946 d’imposer le régime général de sécurité sociale, les CHSCT et les dites conventions collectives auxquelles je fais référence plus tôt (entres autres).

Non aujourd’hui on est au temps où tous ceux qui ont l’illumination démocratique croient que ceux qui sont passer avant eux n’y avaient jamais pensé (ces gros teubés!), et que les corps intermédiaires tels que les syndicats, les partis ou les médias sont de toute façon tous pourris et inutiles… On est au temps où il n’y a plus aucune analyse du capitalisme dans ses contradictions. Uniquement des réflexion du type « si c’était démocratique ce serait mieux, imaginons le meilleurs système démocratique possible », oubliant complètement toute notion de rapport de forces face à ceux qui dominent et n’en veulent pas de ta démocratie. Ou sinon on produit aussi des contestations débiles type « la sécu a permit au capitalisme de prospérer plus longtemps » (il y en a tellement d’autres…). Le capitalisme a permit au féodalisme de prospérer pendant 400 ans avant la révolution bourgeoise de 1789 !!

Bref, faut pas que je m’énerve c’est pas constructif, mais sans déconner, rendez-vous compte du mépris que vous véhiculez pour l’engagement des travailleurs avant nous par vos propos naïfs. C’est extrêmement agaçant d’entendre ça à chaque fois. Je me suis taper ces remarques pendant 6 mois sur Nuit Debout par des culs blancs qui venaient tous les jours à 18h pr une AG en ignorant totalement que les lanceurs du mouvement étaient en majorité syndicalistes et que c’étaient eux qui leur permettaient par leur expérience et leur orga, tous les jours, de s’asseoir et discuter tranquillement si on devait nous interdire nos drapeaux ou non, « pour ne pas faire peur à ceux qui s’intéressent au mouvement mais ont peur des syndicats »…

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Votre énervement, je le partage à 100%, vos mots pourraient être sorti de ma bouche, mais ma question n’a pas eu réponse. Imaginez quel mépris je pourrais imaginer…
mais soyons constructifs.

Je ne vous ai pas demandé ce que vous n’aimez pas chez bidule ou truc, mais quelle forme d’organisation vous paraît être la plus démocratique chez les syndicats. Autrement dit, qu’est que est encore assez solide comme forme d’organisation pour contrer une loi travail chez les syndicats?

Que ce soit dit en passant, quand je dépense mon fric en biocoop, je sais que ça vaut plus qu’un bulletin de vote en 5e république!

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juste pour être sûr qu’il n’y ait pas un quiproquo :

As-tu bien compris la différence que je fais entre le referendum d’entreprise que je propose et celui de la loi travail?

Le tien serait initié par les travailleurs si j’ai bien compris. Mais ça le patronat peut le retourner à sa sauce avec des salariés qu’il a dans sa poche je pense.

Pour ce qui est du fonctionnement des syndicats, je suis d’accord qu’il y a tout à revoir pour le rendre plus démocratique. Déjà le fonctionnement dans la fonction publique est meilleur que celui du privé. Dans les privé les élections permettent de donner des heures syndicales à 1 délégué ou plusieurs délégués qui vont travailler jusqu’au temps plein sur cette fonction. Dans la fonction publique le vote donne droit à un nombre d’heures syndicales que les syndiqués se partage entre eux pour organiser la vie politique et syndicale des travailleurs. C’est plus décentralisé, c’est mieux pour impliquer du monde et ne pas éloigner les délégués des réalités du travail. Après les syndicats n’ont pas tous la même appréciation de ça. La CGT et Sud se battent pour étendre le fonctionnement du public, alors que la CFDT et le MEDEF se veulent professionnaliser les délégués, FO est le cul entre 2 chaises.

Ceci étant dit, il faut bien avouer que la pratique syndicale n’est aujourd’hui pas bonne du tout en majorité, même à la CGT. Elle tend trop vers la délégation de pouvoir. Cette situation sied souvent aux salariés qui se déresponsabilisent et au délégué qui se sent indispensable par l’expérience qu’il accumule. Mais, bon, on perçoit ici et là des pratiques qui se modernisent et qui deviennent bien plus offensives. Un bon exemple est l’hôpital d’Alès. La démarche est simple et assez proche des pratiques « citoyennes ». En gros, au lieu d’aller voir les travailleurs avec des tracts d’info, ils vont les voir avec des questions et des feuilles de note. Les résultats, on peut s’en douter, sont impressionnant en terme d’implication des travailleurs et de force revendicative.

Voilà, c’est les 2 premières choses auxquelles je pense. Je ne suis pas sûr que ça corresponde bien à ce que tu demandais…

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merci pour ces précisions, c’est dans le cadre de ce que je demandais et ça fait plaisir à entendre.

Ce n’est pas l’institution que je préfère, je le rappelle, mais je rappel aussi la version du referendum d’entreprise que j’imagine plus harmonieuse.

Pour le referendum d’entreprise que j’évoque, il est initié par les salariés. La différence, c’est aussi qu’il est géré et appliqué par les salariés.

ça peut faire peur, mais pas plus qu’une loi travail… qui d’ailleurs initie le principe d’un seuil minimum pour lancer une votation (et pour mieux légitimer la votation que ce soit un syndicat majoritaire).

Ce principe de seuil peut être utilisé au profit des salariés s’il le voulaient :slight_smile:
avec un seuil de déclenchement d’une votation beaucoup moins contraignant, genre seulement 10% de salariés, sans syndicat obligatoire, et pas plus.

Ensuite, pour protéger les salariés de l’abus de pouvoir que tu évoques, un seuil de validation d’un vote d’au moins la moitié de l’entreprise est indispensable.

C’est vrai qu’en france, on a été éduqué à légitimer des élus qui sont largement minoritaires au premier tour d’élection, et sans seuil de participation minimum, donc c’est vraiment différence ce dont je parle.

je remets un lien pour voter sur ces sujets

Démocratie en entreprise, ça existe? ma vision de l’entreprise démocratique idéal se rapprocherait plus des scop. voici la dernière vidéo de demos kratos qui en parle.

et le lien du livre auquel il parle
Parfois drôle, toujours incisif, Les entreprises libertaires est une critique de l’idéologie des entreprises. Conçu comme un anti-manuel d’entreprise, il offre certaines alternatives au système consumériste contemporain, premier pas vers de nouveaux modèles de société. Comment concevoir notre économie ? Quelle est l’idéologie dominante des entreprises ? De quelle manière entreprendre ? Comment travailler dans un monde où le travail n’est plus désirable ? Comment appréhender notre statut de consommateur ? Sont autant de questions abordées par cet ouvrage.